Au total, 15 cantons sont dotés d'un bureau de l'égalité, tandis que six n'ont aucune structure spécifiquement dédiée aux questions homme-femme.
Certaines régions comme Argovie et Obwald ont même décidé de fermer leur office, jugeant qu'il n'était plus nécessaire. "A la suite de mesures d'économies en 2017, nous l'avons intégré dans un bureau plus général traitant des questions de société", explique Christoph Amstad, conseiller d’Etat en charge du Département obwaldien de justice et police.
Cela ne prétérite en rien les actions pour l'égalité salariale et la violence domestique, insiste le ministre. Et d'ajouter que l'organisation administrative dans les petits cantons comme le sien ne demande pas l'instauration d'un tel bureau car "les chemins de communication sont plus courts."
"Différences culturelles"
Alors que tous les cantons romands et le Tessin comptent actuellement leur propre bureau de l'égalité, on ne peut pas pour autant parler de röstigraben, estime Christoph Amstad: "Les cantons sont organisés de manière très différente. Je pense que les Alémaniques sont tout aussi actifs sur le thème de l’égalité même lorsqu’ils n’ont pas un bureau spécifique."
Un avis que ne partage pas Nicole Baur, déléguée à la politique familiale et à l’égalité du canton de Neuchâtel: "Sur le terrain, on voit très clairement que l'inégalité est plus criante du côté alémanique." Une différence culturelle, selon elle: "En Suisse romande, les femmes sont non seulement mieux insérées sur le marché du travail, mais elles travaillent davantage. Cela s'explique notamment par le rapport à l'Etat. En Suisse alémanique, on a une vision beaucoup plus libérale et plus individualiste. En Suisse romande, on demande plus à l'Etat."
Bureaux de l'égalité obligatoires?
Les cantons alémaniques pourraient bientôt être amenés à se pencher sur cette question. La socialiste genevoise Laurence Fehlmann Rielle a effet déposé une motion lors de la dernière session parlementaire pour obliger tous les cantons à se doter d’une structure spécialisée.
"Je crois que le moment est venu de le faire. Il y a plus de femmes dans les parlements et toutes les questions sur le harcèlement sexuel sont revenues sur le devant de la scène notamment avec la grève des femmes. Même si cette proposition n'aboutit pas, je pense que ça peut donner une impulsion", explique la conseillère nationale.
Plusieurs voix à droite dénoncent une mesure incompatible avec le fédéralisme, estimant que c'est aux cantons de décider de la manière dont ils gèrent les questions de l'égalité.
Mathieu Henderson