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"Si le port du masque est obligatoire, il faut qu'il le soit à travers la Suisse"

Port du masque obligatoire dans les transports publics dès lundi en Suisse: interview de Rebecca Ruiz (vidéo)
Port du masque obligatoire dans les transports publics dès lundi en Suisse: interview de Rebecca Ruiz (vidéo) / La Matinale / 10 min. / le 2 juillet 2020
Dès l'âge de 12 ans, le masque sera obligatoire à partir de lundi 6 juillet dans tous les transports publics de Suisse. La conseillère d'Etat vaudoise Rebecca Ruiz, en charge de la Santé, défend cette mesure.

Tous les cantons demandaient que le port du masque soit rendu obligatoire pour des raisons pratiques et pour plus de lisibilité des mesures pour la population.

Lundi soir, les ministres cantonaux de la Santé ont rencontré Alain Berset: "Au niveau de la task force, il y avait aussi un appel au Conseil fédéral pour que cette pratique puisse être uniforme. Mais c'est clair que lors de cette rencontre, nous avons plaidé pour. Nous avions potentiellement ces compétences, dès lors que nous ne sommes plus dans une situation extraordinaire", a confié jeudi dans La Matinale Rebecca Ruiz, ministre vaudoise de la Santé et vice-présidente de la conférence des directrices et directeurs cantonaux de la Santé:

>> Lire : Port du masque dans les transports publics, mesures de quarantaine: les décisions du Conseil fédéral

Une mesure transversale

"S'il doit y avoir un port du masque obligatoire dans un canton ou dans une région, il faut que cette mesure soit transversale à la Suisse", estime l'élue socialiste.

La population est mobile pour son travail, mais aussi pour ses loisirs, particulièrement en été: "Cela semblerait complètement incompréhensible qu'on doive porter un masque dans une région et qu'on puisse l'enlever dans une autre dans les transports publics."

Avec le déconfinement progressif et, par exemple, la réouverture des boîtes de nuit, certains pensent que la pandémie est finie: "Notre rôle, comme autorité politique, c'est de dire: 'Le virus est toujours présent, les gestes barrières restent absolument indispensables'. On le voit aujourd'hui, en raison du nombre de cas positifs que nous avons par rapport aux tests que l'on fait: la situation épidémique nous impose de prendre des mesures populationnelles, de nouveau, comme celle du port du masque obligatoire".

Pour Rebecca Ruiz, il existe certes un aspect symbolique, "mais dès lors que l'on ne sait pas si des contaminations se font dans les transports publics et que, dans les transports publics, par moments, on ne peut pas garder les distances sociales, alors il faut pouvoir dire: 'Mettez un masque: ce sera plus sûr pour vous, mais aussi pour les autres'."

Pas pour la gratuité des masques

Quant à la gratuité des masques, la conseillère d'Etat vaudoise n'est pas pour: "Qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire que l'Etat devrait prendre en charge ces achats et les distribuer... Ce n'est pas la vocation de l'Etat. Nous ne sommes plus en situation extraordinaire. On est en situation particulière. Mais on est quand même dans un système de marché libre: les masques en font partie et, là, l'Etat a vraiment un rôle subsidiaire".

Ce n'est pas la vocation de l'Etat de prendre en charge l'achat et la distribution des masques.

Rebecca Ruiz

Oui, l'Etat a acheté des masques pendant la crise, mais c'était à cause des ruptures d'approvisionnement: "Les institutions de soin n'arrivaient plus à se procurer des masques auprès des filières traditionnelles: là, l'Etat se doit d'intervenir. Mais nous sommes maintenant dans une situation où les filières d'approvisionnement fonctionnent et la population peut trouver des masques à la pharmacie ou dans n'importe quel commerce."

En revanche, Rebecca Ruiz précise que pour les personnes précarisées, l'Etat a en effet une responsabilité: il ne faut pas que cet achat, désormais obligatoire, "soit une entrave financière".

Propos recueillis par Romaine Morard

Adaptation web: Stéphanie Jaquet

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