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Fonds en déshérence: la réconciliation

Ronald Lauder, Pascal Couchepin et Alfred Donath.
Ronald Lauder, Pascal Couchepin et Alfred Donath.
Pascal Couchepin a rencontré le président du Congrès juif mondial Ronald Lauder à Berne. Ils ont parlé de la «réconciliation définitive» entre l'organisation et la Suisse après les tensions nées des fonds en déshérence.

«La rencontre amicale entre le président de la Confédération et
Ronald Lauder a rétabli de façon définitive des liens d'amitié et
de coopération entre le CJM et la Suisse», a déclaré Alfred Donath,
président sortant de la Fédération suisse des communautés
israélites (FSCI). Ce dernier était présent lors de
l'entretien.

L'affaire des fonds en déshérence, dans les années 1990, avait
été marquée par des attaques souvent féroces contre les banques
suisses, mais aussi contre la Suisse. En 1998, l'UBS et le Credit
Suisse, accusés de ne pas avoir rendu l'argent des personnes ayant
ouvert des comptes sur la période 1933-45, avaient débloqué 1,25
milliard de dollars en vertu d'un accord global avec les
organisations juives.

«Méthodes policières»

Selon Alfred Donath, le président du CJM rejette les «méthodes
policières» des anciens responsables de l'organisation faîtière.
L'ancien secrétaire général du CJM, Israël Singer avait mis la
neutralité suisse durant la Seconde Guerre mondiale sur le même
plan que la «complicité de l'Autriche ou que la «collaboration» en
France.



Ronald Lauder «se voit en tant qu'ambassadeur des juifs, sans
influence politique dans les pays qu'il visite», a relevé Alfred
Donath. Héritier du groupe de cosmétiques new-yorkais Estée Lauder
et ancien diplomate, Ronald Lauder a été nommé à la tête du CJM en
2007. Il s'agissait de la première rencontre entre un haut
responsable de l'organisation et un membre du Conseil fédéral
depuis l'affaire des fonds en déshérence, a confirmé Jean-Marc
Crevoisier, porte-parole de Pascal Couchepin.



Ronald Lauder avait été invité par la FSCI peu après sa
nomination. Selon Jean-Marc Crevoisier, la visite de courtoisie de
Ronald Lauder auprès de Pascal Couchepin a permis un «échange
positif». De nombreuses questions ont été évoquées, a-t-il indiqué,
refusant toutefois d'entrer dans le détail.

Voyage Mme Calmy-Rey en Iran

Ces déclarations de mercredi tranchent avec les précédentes
réactions de M. Lauder. Il avait ainsi sévèrement critiqué le
voyage de la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey à Téhéran, à
la mi-mars, à l'occasion de la signature d'un contrat gazier entre
l'entreprise zurichoise EGL et les autorités iraniennes.



Ce déplacement de la cheffe de la diplomatie suisse a constitué un
«triomphe pour la propagande des mollahs», avait écrit M. Lauder.
Mme Calmy-Rey «a bradé la crédibilité de son pays pour 5,5
milliards de mètres cubes de gaz», avait-il ajouté. Lors d'un point
de presse mardi à Berne, Ronald Lauder était revenu à la
charge.

Contrat gazier pas évoqué

Selon Alfred Donath, le contrat gazier et la présence de
Micheline Calmy-Rey à Téhéran n'ont «pratiquement pas» été évoqués
lors de l'entretien mercredi entre Pascal Couchepin et Ronald
Lauder. «Nous n'avons plus parlé du passé, sinon qu'il est oublié»,
a résumé Alfred Donath, relevant que le président du CJM avait fait
l'éloge de la Suisse pour son engagement dans le domaine
humanitaire et des droits de l'homme.



Président de la FSCI au moment de l'affaire des fonds en
déshérence, Rolf Bloch se réjouit de cette évolution. Ronald Lauder
veut «intensifier les relations avec les juifs de Suisse et avoir
de bons rapports avec la Confédération», a-t-il estimé, ajoutant
toutefois que l'intervention du CJM à l'époque avait contribué à
trouver une solution.



ats/tac

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Intégration parfaite

Alfred Donath met en garde contre les critiques à l'égard d'Israël qui risquent, selon lui, d'"attiser" l'antisémitisme en Suisse.

"Il est parfaitement légitime de critiquer Israël, de marquer son désaccord lorsqu'il y a lieu, mais il est injuste d'utiliser envers l'Etat hébreu des arguments que l'on n'emploie pas envers les autres pays", a-t-il déclaré.

A chaque crise, "la Fédération suisse des communautés israélites a répondu présent", a noté le président sortant, qui considère que son organisation a gagné "en stature" et en "prestige" au cours des huit dernières années.

S'exprimant un peu plus tôt sur les ondes de la Radio suisse romande (RSR), Alfred Donath avait estimé que "l'intégration des juifs en Suisse est absolument parfaite".

Il a relevé que des différences d'opinion avec les autorités pouvaient surgir, faisant allusion notamment au récent voyage de Micheline Calmy-Rey en Iran, dont le président Mahmoud Ahmadinejad appelle à la destruction d'Israël. "La coopération est toutefois excellente", a-t-il ajouté.

En 2005, Alfred Donath avait été confronté aux critiques d'Israël Singer, alors secrétaire général du Congrès juif mondial (CJM), à l'égard de la Suisse.

Israël Singer avait mis la neutralité helvétique durant la IIe Guerre mondiale sur le même plan que la «complicité de l'Autriche ou que la «collaboration» en France. Alfred Donath avait demandé des excuses au responsable.

Officiellement, les relations entre le CJM et la Suisse sont à nouveau au beau fixe. L'actuel président de l'organisation Ronald Lauder, un ancien diplomate, a rencontré le président de la Confédération Pascal Couchepin mercredi à Berne.

Les deux hommes ont parlé de «la réconciliation définitive» entre les deux parties, selon Alfred Donath qui a indiqué que Ronald Lauder rejetait les «méthodes policières» des anciens responsables du CJM.

Les actes antisémistes graves triplent

Le nombre d'actes antisémites "graves" a triplé en 2007 dans le monde, selon un rapport du Centre d'études de l'antisémitisme et du racisme de l'Université de Tel-Aviv présenté mercredi. Il y eu 632 actes antisémites violents en 2007 (+6,6%). Parmi eux figurent 57 attaques qualifiées de graves soit 3x plus qu'en 06, souligne le rapport. Cette étude a été publiée alors Israël doit célébrer mercredi la "journée de la Shoah" commémorant le génocide des juifs par les nazis.