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La vague verte aux dernières élections fédérales a profité de l'électorat PS

Les Verts ont gagné 17 sièges au Conseil national lors des élections fédérales de 2019. [Keystone - Peter Klaunzer]
La vague verte aux dernières élections fédérales a profité de l'électorat PS / Le Journal horaire / 1 min. / le 3 juillet 2020
Les sympathisants du PS ont largement participé à la percée historique des Verts lors des élections fédérales de l'an dernier, selon l'étude électorale Selects publiée vendredi. Il en ressort également que la hausse du nombre d'élues n'est pas due à une mobilisation accrue des femmes.

Les élections fédérales du 20 octobre dernier ont vu les Verts gagner 17 sièges supplémentaires au Conseil national, soit une progression jamais atteinte par le parti.

>> Lire aussi : Les Verts gagnent 17 sièges au National et devancent le PDC, l'UDC perd 12 mandats

Cette hausse ne s'explique pas entièrement par la mobilisation de la base de son propre électorat – 44% de toutes celles et ceux qui avaient voté Verts en 2015 ne sont pas retournés aux urnes en 2019 – mais par celui du Parti socialiste, selon l'étude Selects. En effet, 22% des personnes ayant voté pour le PS aux élections de 2015 ont donné leur voix aux écologistes en 2019.

Par ailleurs, les élections de l'an dernier ont été marquées par les manifestations pour le climat, qui ont essentiellement mobilisé des jeunes depuis la fin de 2018. Des jeunes qui ont également participé à la vague verte, puisque 19% des 18-34 ans ont glissé une liste verte dans les urne, tout autant que l'UDC.

Les Vert'libéraux, qui ont eux obtenu 9 fauteuils supplémentaires au National, ont eux aussi bénéficié des jeunes votants (15%).

Sentiment d'urgence climatique

L'étude montre également une perception croissante de l'urgence climatique durant la campagne électorale. La progression la plus forte a été enregistrée auprès des électeurs du PS (de 23% à 36%) et la plus faible – bien qu'à un niveau élevé – auprès de la base des Verts (de 57% à 59%).

Même du côté de l'UDC, la part de celles et ceux qui considéraient le thème "environnement et énergie" comme le problème le plus important a augmenté de manière significative, de 5% à 14%.

L'UDC n'a pas réussi à mobiliser sa base

L'UDC, qui reste largement le plus grand parti de Suisse, a essuyé les plus grandes pertes, avec une baisse de 15 sièges. L'étude relève que la formation a surtout souffert du fait que les thèmes de l'immigration et de l'asile - ses sujets de prédilection - ont été très peu présents dans le débat public.

En résulte une mobilisation en baisse avec une part d'électeurs en dessous de 50%. Toutefois, l'UDC a pu compter sur l'électorat le plus stable, avec 85% de ses sympathisants qui lui ont accordé leur confiance en 2019.

Le PLR a également dû faire face à des problèmes de mobilisation. Le PDC est en revanche de tous les partis celui qui est le mieux parvenu à mobiliser ses troupes.

Pas de mobilisation accrue des femmes

Les élections ont aussi été marquées par une progression historique du nombre de femmes au Conseil national: avec 84 élues, elles occupent désormais 42% des sièges de la Chambre du peuple, soit 20 de plus qu'en 2015. Aux Etats, leur représentation a augmenté de 15 à 26%.

Contre toute attente, la vague violette n'est pas due à une mobilisation accrue de l'électorat féminin. Alors que près de 50% des hommes ayant le droit de vote se sont rendus aux urnes, les femmes ont été 41% à le faire. L'étude relève aussi que, malgré la place occupée par la question de l’égalité durant la campagne, l'écart entre hommes et femmes ne s’est pas réduit depuis la première enquête électorale Selects en 1995.

Il semblerait donc que ce soit l'électorat général qui a favorisé la vague violette. A la question de savoir s’ils donneraient plutôt la préférence à un homme ou à une femme s’ils avaient à choisir entre deux candidats à qualifications égales, plus de deux tiers des électeurs et électrices de 2019 ont dit préférer voter pour une femme, contre 60% en 2015.

Il ressort tout de même que les votantes (80%) sont plus enclines à choisir une candidate que les hommes (54%).

La gauche plus encline à voter pour les femmes

Le choix du genre diffère également entre les partis. L'électorat des partis de gauche était plus disposé à voter pour une femme: 95% chez les Verts et 87% dans les rangs du PS.

En comparaison avec 2015, la part de personnes accordant leur confiance à une candidate (à compétences égales) a augmenté ou est restée constante dans tous les partis, excepté le PLR (-2 points de pourcentage).

C'est toutefois à l’UDC que l'on continue à voter le plus souvent pour des hommes, puisque seuls 37% de l’électorat du parti dit avoir, à qualifications égales, une préférence pour les femmes.

Mathieu Henderson

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