La banque Mirabaud a dû s'expliquer sur l'origine des 100 millions de l'ex-roi Juan Carlos
La somme avait été versée par le Ministère des finances saoudien sur un compte dont Juan Carlos était le bénéficiaire. Et l'associé gérant senior de la banque privée genevoise, Yves Mirabaud, a dû s'expliquer en mars dernier au Ministère public genevois sur les contrôles effectués, rapporte mercredi le quotidien espagnol El País.
Yves Mirabaud a été entendu le 11 mars par le procureur Yves Bertossa dans le cadre du scandale entourant l'ancien roi d'Espagne, précise l'article du quotidien espagnol dont les informations ont été confirmées mercredi à l'agence AWP par une source proche du dossier.
L'ancien monarque est accusé d'avoir touché des commissions illégales sur des marchés publics, en particulier pour la construction d'un train à grande vitesse, en Arabie Saoudite. Et de l'argent a transité par Genève.
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Un "simple don" d'un roi à l'autre
A la réception du virement des 100 millions de dollars (94 millions de francs au cours actuel) en 2008, le groupe bancaire genevois dit s'être basé sur les explications du gérant externe du compte Mirabaud dont Juan Carlos était l'ayant droit économique. Le conseiller a présenté cette somme comme un don du roi saoudien à son homologue espagnol.
L'audition du banquier genevois a également tourné autour de la fermeture du compte en 2012 et le transfert de l'argent vers un autre établissement genevois, Gonet & Cie, plus précisément auprès de la filiale Gonet Bahamas à Nassau.
L'affaire du safari en Afrique
Le collège des associés de Mirabaud a décidé de mettre fin à la relation bancaire au moment où Juan Carlos faisait la Une de nombreux journaux, dont un voyage en Afrique pour chasser les éléphants, a expliqué Yves Mirabaud au procureur.
Lors de ce séjour au Botswana, le roi d'Espagne s'est fracturé la hanche. L'accident a attiré l'attention de la presse, qui a découvert que le souverain s'adonnait à la chasse aux éléphants en compagnie d'une femme - sa maîtresse - et du fils de celle-ci.
Par "amour" et "gratitude"
C'est justement sur le compte de cette femme, Corinna Larsen, que les fameux 100 millions ont finalement atterri. Celle-ci a expliqué à Yves Bertossa que le virement ne visait pas à "se débarrasser de l'argent" mais était motivé par la "gratitude" et "l'amour" de Juan Carlos vis-à-vis de sa maîtresse, lit-on dans El País.
Devant le procureur genevois, Corinna Larsen aurait affirmé que Nicolas Gonet lui a proposé d'ouvrir un compte aux Bahamas, ce qu'a réfuté de son côté le directeur général du groupe bancaire. "Je suis catégorique sur le fait que c'est Corinna qui a voulu ouvrir un compte chez Gonet Bahamas. Il aurait été préférable pour la banque que le compte soit ouvert en Suisse", a-t-il assuré au procureur.
Pas de réactions en l'état
Dans une prise de position écrite, Gonet & Cie explique n'avoir aucun commentaire à faire sur l'article. "Nous collaborons naturellement avec la justice quand cela est nécessaire."
Dans cette affaire, la banque Mirabaud est prévenue de blanchiment d'argent aggravé. Yves Mirabaud et Nicolas Gonet ont été entendus en qualité de personnes appelées à donner des renseignements.
ats/oang