Cette histoire de rente met le monde politique mal à l'aise. A commencer par le Conseil fédéral, qui s'est prononcé le 1er juillet sur la demande de Christoph Blocher. Près de 12 ans après son éviction, l'ex-conseiller fédéral réclame sa rente, alors même qu'il s'était fait jadis une fierté de la refuser. C'est une première, la loi ne dit pas ce qu'il faut faire.
Le gouvernement est dans l'embarras, il demande deux expertises externes et une interne. Or, selon le TagesAnzeiger, deux de ces rapports confidentiels estiment qu'il pourrait y avoir prescription après cinq ans. Comme pour les rentes AVS ou encore la taxe militaire.
La somme correspondant aux cinq dernières années se monterait à 1,1 millions de francs. Mais malgré les avis d’experts, le Conseil fédéral a choisi de verser la totalité de la rente, à savoir 2,7 millions de francs.
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Ne pas répondre à la provocation
Pour quelles raisons le gouvernement a-t-il choisi cette option ? Dans l'entourage du Conseil fédéral et chez quelques parlementaires interrogés, cette option est perçue comme une évidence: il s'agit de ne pas répondre à la provocation; ne pas prendre le risque d'un recours de Christoph Blocher et lui donner l'opportunité de se poser en victime.
Selon nos informations, lors de la séance du 1 juillet la question aurait été vite réglée. Le Conseil fédéral a d'autres priorités en ce moment et aurait souhaitait se débarrasser rapidement de cette histoire.
Le Parlement devra se prononcer
La décision sera également passée en revue par la délégation des finances du Parlement. Lors de sa prochaine séance du 31 août, celle-ci devra pour commencer décider si elle s'estime compétente sur cette question.
Dans le cas présent, la loi n'est pas claire. Le président de la délégation des finances, Peter Hegglin, reste prudent à ce sujet. Il veut avant tout clarifier les règles, mais il estime plutôt bien que les sept sages ne soient pas seuls à décider sur des rentes qui leur sont destinées.
Quoi qu'il en soit, le Conseil fédéral veut clarifier la pratique pour le futur. Certains parlementaires espèrent quant à eux réformer ce système de rentes à vie, sensées mettre les ex-conseillers fédéraux à l'abri du besoin pour garantir leur indépendance.
Etienne Kocher