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"Cervelas végétariens", "poulet végétal", des appellations interdites

Les bouchers demandent à Berne d'interdire les noms d'origine carnée, comme saucisses ou burgers pour les produits sans viande.
Les bouchers demandent à Berne d'interdire les noms d'origine carnée, comme saucisses ou burgers pour les produits sans viande. / 19h30 / 2 min. / le 17 juillet 2020
Une start-up helvétique parmi les plus prometteuses, le producteur zurichois de poulet végétal Planted, n’a plus le droit d’utiliser le mot "poulet" sur ses emballages. La Confédération précise désormais comment il est autorisé de décrire les produits alternatifs à la viande.

Une saucisse végétale est-elle encore une saucisse? Dans une directive publiée en toute discrétion le 2 juillet, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire interdit désormais l’usage de certains termes de boucherie pour les alternatives végétariennes à la viande.

Ainsi, il n’est plus possible de vendre des "cervelas végétariens" ou du "fromage d’Italie végétalien". Plus possible non plus de faire figurer le nom d’un animal sur un produit végétarien. Bannis donc les "saucisse de veau à base de soja", les "bâtonnets de cabillaud végétariens", ou encore les "filets de bœuf végétaliens".

"Comprendre comment utiliser le produit"

Pour la start-up Planted, qui vient de lever 7 millions de francs d'investissements pour ouvrir une fabrique à Kempthal (ZH), c’est un premier revers.

Selon la nouvelle directive fédérale, Planted ne peut en effet plus faire figurer le mot "poulet" sur sa viande fabriquée à partir de pois jaune et d’huile de colza. Mais elle cherche encore un compromis avec les autorités :

"Pour nous, la désignation "poulet" est importante, elle crée un pont vers le consommateur, qui comprend ainsi qu’il peut utiliser ce produit comme de la volaille", explique-t-ell.

Les bouchers veulent aller plus loin

Malgré l’intense lobbyisme des bouchers suisses, certains termes génériques restent toutefois autorisés: une "saucisse végétarienne" reste une "saucisse". Pareil pour les appellations "steak", "hamburger" ou encore "filet", à base de plantes.

Pour l’Union suisse des professionnels de la viande, cette situation est intolérable: "Excusez-moi, mais les producteurs de substituts de viande se veulent innovatifs, qu’ils le soient aussi dans les noms de leurs produits !", fait valoir à la RTS son directeur Ruedi Hadorn.

Eric Leuba, boucher à Yverdon-les-Bains, ajoute dans le 19h30: "Nous autres bouchers, si nous vendons une saucisse de veau sans veau, c’est de la tromperie et nous sommes amendés!"

Un changement inéluctable ?

Nestlé, qui produit divers succédanés de viande sous la marque "Green gourmet", n’est en tout cas pas prêt à ne plus utiliser les termes de saucisse, hamburger et haché:

"Cette approche semble bien accueillie par les consommateurs et ne génère pas de confusion", indique ainsi un porte-parole de la firme veveysanne.

Mais les producteurs suisses pourraient bien devoir s’adapter à la législation des pays voisins. La France vient d’interdire tout terme de boucherie pour les produits ne contenant pas de viande. Et le Parlement européen devrait, lui-aussi, entériner prochainement une loi sur ce sujet.

Jean-Marc Heuberger et Carole Pantet/ther

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