L'idée vient d'Autriche, où le pays vient d'édicter une loi pour interdire l'accès aux routes alpines aux deux roues trop bruyantes durant la saison estivale.
Mais le texte de l'initiative suisse va plus loin, puisqu'il demande de bannir complètement les motos dépassant les 95 décibels à l'arrêt et ce, toute l'année, en plaine comme en montagne et dans tout le pays.
L'initiative parlementaire souhaite ainsi répondre au ras-le-bol , qui semble être en augmentation au vu du nombre de courriers reçus par l'Office fédéral de l'environnement.
Sur les 300 plaintes annuelles liées au trafic routier, un tiers porte sur les véhicules bruyants, toutes catégories confondues.
"Quand on réveille la moitié de Lausanne, c'est problématique"
Pour Samuel Bendahan, conseiller national socialiste vaudois et cosignataire de l'initiative, il y va de "la santé des gens" et de "leur qualité de vie".
"Quand à 3 heures du matin, quelqu'un va réveiller la moitié de la ville de Lausanne parce qu'il fait trois tours avec une moto qui est beaucoup plus forte que nécessaire, c'est quand même très problématique. Le fait de faire massivement du bruit dans l'espace public est quelque chose qui devrait être un tout petit peu régulé."
"Cela va pénaliser les gens honnêtes"
Sans surprise, les motards sont de leur côté assez hostiles à ce projet de loi. Ils estiment que la police a déjà les moyens de sanctionner les motos non homologuées.
Le président de l'association Génération2 Motards Aristos Marcou craint que cette loi ne pénalise que ceux qui sont aux normes. "Quelqu'un qui ne joue pas le jeu et qui roule avec un véhicule qui n'est pas aux normes, il pose un problème à toute la collectivité. Et c'est à cause de ce genre de personnes qu'on a ce genre de propositions de loi totalement absurdes qui ne vont pas pénaliser ces gens-là, puisqu'ils peuvent déjà l'être, mais des gens en règle et honnêtes".
Un problème pris au sérieux par les polices
S'il reste bien entendu difficile de savoir si elles en font assez, le problème est pris au sérieux au niveau des polices cantonales. En plus de séquestrer les véhicules trafiqués, elles sont habilitées à punir les comportements déplacés: laisser tourner le moteur à l'arrêt ou donner des gaz inutilement sont par exemple passibles d'amende.
Plusieurs de ces polices ont d'ailleurs lancé des actions coup de poing, à l'instar de la police fribourgeoise, comme l'explique son porte-parole, Marcial Pugin: "Les véhicules bruyants dans la circulation sont une préoccupation dans le sens où cela fait maintenant plus d'une année que nous agissons et faisons des efforts ponctuels visant à intercepter ces conducteurs qui génèrent du bruit inutile."
Mais pour les signataires de l'initiative, le cadre légal actuel est insuffisant et il faut désormais fixer une limite de décibels autorisés dans l'espace public. Un débat qui va se poursuivre prochainement au niveau des chambres fédérales.
Céline Fontannaz/ther