Un peu plus de 25% des adolescents interrogés en 2007 ont
indiqué avoir subi des actes de violence, contre 27,6% en 1999. Et
15,9% ont reconnu avoir commis des agressions (16,2% en 1999).
Or les statistiques officielles sur la délinquance des mineurs
donnent une image déformée de la réalité, a déclaré Denis Ribeaud,
l'un des auteurs de l'étude, vendredi devant les médias à Zurich.
Ainsi, dans le canton de Zurich, elles indiquent une augmentation
de 160% des délits contre la vie et l'intégrité corporelle entre
1999 et 2007.
Hausse des plaintes
«Notre étude montre que ce sont les plaintes qui ont augmenté et
non les agressions», relèvent les chercheurs. Ainsi, 25,5% des
lésions corporelles armées débouchent aujourd'hui sur une plainte,
contre 10% en 1999.
En ce qui concerne les lésions corporelles simples, le chiffre est
passé de 6,1% à 13,4% en huit ans. L'entourage des jeunes victimes
les appelle plus souvent qu'avant à porter plainte. En 2007, 74%
des victimes sondées ont indiqué avoir porté plainte sur le conseil
de leurs parents. En 1999, le chiffre s'élevait à 44%, a indiqué M.
Ribeaud.
Les jeunes issus de l'immigration sont plus souvent violents. Cela
n'a pas changé durant les huit dernières années. Tout comme le fait
que les agresseurs étrangers sont beaucoup plus fréquemment
dénoncés que les suisses, deux fois plus en 2007.
Certains milieux plus touchés
Les chercheurs relèvent également des évolutions problématiques.
Alors que le nombre de victimes d'agressions sexuelles est stable,
la moyenne d'âge des agresseurs est en baisse. Selon le témoignage
des victimes, 57 % des auteurs sont aujourd'hui des mineurs, contre
41,3 % en 1999.
Autre évolution pointée du doigt: la violence semble se concentrer
dans certains milieux, où elle est de plus en plus ressentie comme
«normale». Un indice dans ce sens est le fait que la part des
victimes ayant subi plusieurs actes de violence a augmenté.
Le nombre d'agresseurs ayant subi eux-mêmes des violences a
également connu une nette hausse. Les motifs d'agression les plus
souvent évoqués sont l'appartenance à un groupe (ethniques, de
fans,...) et les conflits personnels. La part des violences
commises en groupe est par contre en recul, sauf en ce qui concerne
les délits sexuels.
ats/bri/nr
2500 jeunes interrogés
Les chercheurs de l'Institut pédagogique de l'Université de Zurich ont interrogé quelque 2500 élèves de neuvième année dans le canton de Zurich en 1999 et 2007.
Selon eux, il s'agit de la première étude du genre en Suisse. Ce vaste sondage entendait éclairer d'un jour nouveau les chiffres des statistiques de police.
Les chercheurs ont questionné les jeunes tant sur les agressions qu'ils auraient éventuellement que sur les violences qu'ils auraient subies les trois années précédentes.
Violence domestique
Les jeunes sont beaucoup moins souvent victimes de violences domestiques et subissent moins de punitions physiques. Mais ils estiment que leurs parents se sont distancés d'eux, révèle l'étude de l'Université de Zurich sur la violence des jeunes.
Cela pourrait être dû aux changements survenus dans les habitudes de loisirs des adolescents, analysent les chercheurs. Les jeunes interrogés en 2007 ont indiqué faire beaucoup moins d'activités avec leurs parents que ceux qui ont été sondés en 1999.
Les jeunes d'aujourd'hui sortent également moins avec leurs camarades. Ils passent en revanche beaucoup plus de temps à la maison devant la télévision et l'ordinateur. Ils ont donc moins de contacts sociaux «réels». Cela pourrait également expliquer pourquoi les jeunes font preuve de moins de compétences sociales qu'en 1999, a indiqué l'auteur Denis Ribeaud vendredi devant les médias.