Si ces affaires du milieu du mois de juillet sont distinctes, elles ont la particularité d'avoir été toutes deux revendiquées par le collectif "Renversé".
Renversé.co est un site bien connu des milieux anarchistes et anticapitalistes, mais également des services de police. Le site met d'ailleurs en garde ses utilisateurs: "attention, les flics surveillent activement Renversé.co. Il peut s’avérer très important de prendre certaines précautions afin d’amoindrir les risques de répression. Surtout si le contenu de l’article proposé à la publication peut être relié à des activité considérées comme illégales.", peut-on ainsi lire.
Le kit du parfait messager anonyme est aussi détaillé par les animateurs tout aussi anonymes du collectif.
Aucune piste sur les auteurs
Jusqu'à présent, ni la police ni les médias n'ont réussi à remonter la piste permettant d'identifier les auteurs. Le jeu du chat et de la souris se poursuit d'ailleurs depuis plusieurs années.
La RTS, qui voulait savoir jusqu'où l'usage de la violence était toléré et si les enquêtes pénales inquiétaient le collectif, a tenté d'obtenir une interview par l'entremise de la messagerie du site, mais sans succès.
Il faut également préciser que le site se veut participatif et que les revendications qu’il publient sont en général le fait d’auteurs anonymes et indépendants ou signés par différents collectifs qui "partagent des perspectives émancipatrices, pour soutenir et renforcer les mouvements sociaux et révolutionnaires", comme l’écrit Renversé. Et de préciser que le site "se réapproprie les outils permettant de mettre en avant les actions et les réflexions de groupes ou individus en lutte, réduites au silence ou déformées par la presse dominante".
Des enquêtes ouvertes
A Neuchâtel, la police a ouvert une enquête pour dommage à la propriété à la suite de la dégradation de la statue de David de Pury, accusé d'esclavagisme. Une action qui avait été alors largement médiatisée. Et si la revendication n’est pas signée sur Renversé.co, c’est exactement le même texte que celui envoyé par mail à la rédaction du quotidien neuchâtelois Arcinfo le 14 juillet dernier.
À Fribourg également, la police est active après l'incendie de deux véhicules de Securitas. Cette action était restée quant à elle inconnue du grand public, sauf pour les lecteurs de Renversé.co. La revendication datée du 15 juillet accuse la société de sécurité "d'actes racistes" dans la gestion des requérants d'asile pour le compte de la Confédération. Pour ce texte, la signature renvoie à une abréviation loufoque : SECU pour "Solidarité Enflammée Contre l’Uniforme".
Des moyens d'actions limités
A Fribourg comme à Neuchâtel, les enquêteurs laissent entendre que le collectif Renversé est dans leur collimateur. Mais les moyens d'action pour remonter aux noms des responsables et faire éventuellement interdire le site apparaissent limités.
Hébergé aux Etats-Unis, Renversé.co semble avoir redoublé de prudence. En 2016, le site, qui était alors hébergé en Suisse, avait été interdit. C'était juste après l'appel à une manifestation sauvage qui s'était terminée en saccage nocturne à Genève.
Les jets de peinture n'avaient alors pas atteint la statut d'un esclavagiste, mais les murs du Grand Théâtre, symbole de la "culture bourgeoise".
Ludovic Rocchi/ther