Carla Del Ponte en vedette à Locarno
Carla Del Ponte et Moritz Leuenberger ont été les stars du week-end au Festival du Film de Locarno, où un hommage a aussi été rendu au cinéaste Daniel Schmid, décédé dimanche.
Le film documentaire consacré à la procureure du Tribunal pénal
international à La Haye a tenu la vedette à Locarno. L'oeuvre du
Suisse Marcel Schüpbach, intitulé "La liste de Carla", propose une
réflexion sur le fonctionnement du TPI en suivant le travail de la
procureure.
Il montre les dilemmes d'une justice qui doit sans cesse se
frotter aux impératifs de la politique. La liste de Carla Del Ponte
comprenait initialement quelque 200 noms de criminels de guerre,
mais la magistrate doit biffer de plus en plus de noms, notamment
au gré des extraditions vers les pays de provenance.
Volonté politique nécessaire
Présente à Locarno, Carla Del Ponte a regretté ce problème,
notamment pour les familles des victimes. Elle a en outre rejeté
les critiques de certains médias lui reprochant un manque de
résultats.
Elle et ses 600 collaborateurs ont tout fait pour rassembler les
preuves nécessaires à de nombreuses condamnations. Mais sans
volonté politique des nations concernées, il est impossible
d'obtenir les résultats escomptés.
M.Leuenberger élogieux
Quant à la seconde personnalité du week-end, le président de la
Confédération Moritz Leuenberger, il a profité de sa visite à
Locarno pour plaider pour l'ouverture aux différentes
cultures.
Le conseiller fédéral a fait un clin d'oeil à la minorité
culturelle tessinoise dans son discours en marge du festival.
S'exprimant en italien, il a loué l'ouverture au dialogue des
Tessinois. Et ceci même s'ils votent le plus souvent pour les
recommandations du Conseil fédéral, a lancé le président.
Le Tessin montré en exemple
Les parlementaires tessinois doivent par exemple se faire
entendre face aux Romands et aux Alémaniques. Mais c'est peut-être
ce vécu qui permet aux gens de la région de mieux intégrer les
autres minorités, notamment les écoliers étrangers, a souligné
M.Leuenberger.
A ce titre, le Tessin est un exemple. C'est précisément une telle
capacité de compréhension qu'il faudrait pour résoudre des conflits
comme celui du Proche-Orient, a conclu le Zurichois.
ap/cer/ant
Publié
J-C.Junker récompensé à Locarno
Lors du festival, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker s'est vu décerner le "Prix européen de la culture politique" de la Fondation Hans Ringier.
Doté de 50'000 francs, il lui a été remis par l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder dans le cadre du "Dîner républicain" organisé pour la 31e fois pendant le Festival de Locarno.
Outre Gerhard Schröder, le jury, présidé par le journaliste suisse Frank Meyer, comprenait des personnalités comme l'homme politique français Dominique Strauss-Kahn, l'éditeur Michael Ringier et l'auteur suisse Adolf Muschg.
Table ronde autour des Balkans
Carla Del Ponte n'a pas perdu l'espoir de capturer Radovan Karadzic et Ratko Mladic, considérés comme les principaux architectes du massacre de Srebrenica en 1995 qui a coûté la vie à environ 8000 musulmans. Elle l'a dit dimanche à Locarno lors d'une table ronde sur "les défis dans les Balkans".
"Le documentaire de Marcel Schüpbach" a dit la magistrate, "a aussi été réalisé pour faciliter la capture de Karadzic et de Mladic. La Serbie, qui veut entrer dans l'UE, doit accepter de les livrer sans tarder, comme condition à la poursuite des négociations."
Le sénateur tessinois Dick Marty a estimé qu'"il est très dangereux de mêler la politique à la justice", "surtout lorsqu'il s'agit d'une justice des vainqueurs, forcément très partielle". Il reste "très sceptique" sur le contexte dans lequel évolue le travail du TPI.
L'ambassadeur suisse Thomas Greminger a relevé que la Suisse s'engage beaucoup pour promouvoir la paix dans les Balkans. "Nos actions sont concrètes et notre appui financier à la cour internationale de La Haye s'élève à 2,4 millions de francs par année".