MétéoSuisse innove et développe ses mesures des concentrations de pollen dans l’air. Alors qu’un procédé manuel est en place depuis maintenant 28 ans, l’ajout d’un système automatisé plus précis a été annoncé par l'Office fédéral de météorologie et climatologie. Le réseau sera entièrement opérationnel en 2022, l'équipement des premières stations commençant au printemps prochain.
Une fois sur pied, les nouveaux appareils proposeront une récolte de données en temps réel. Cette immédiateté occasionne un gain de temps important en comparaison à la méthode actuelle, qui impose un délai d'une semaine avant la mise à disposition des renseignements au grand public. "Plus on est proche de l’information et meilleure sera la qualité des prévisions. Pour les personnes allergiques, cela peut leur permettre de planifier les médicaments à prendre et certaines activités à l’avance", explique Bernard Clot, chef biométéorologique chez MétéoSuisse.
Aujourd’hui, environ une personne sur cinq serait allergique au pollen. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter et qui a poussé MétéoSuisse à affiner ses prévisions. "Dans les années 1960, seulement 4% de la population possédait des allergies. Cette hausse justifie qu’on cherche à connaître les facteurs environnementaux influençant le déclenchement des symptômes de l’allergie", détaille Bernard Clot.
Il s'agira d'une révolution pour la prise en charge d'un patient allergique au pollen
Cette innovation sera donc profitable à large échelle. Sylvie Jaggi souffre par exemple de nombreuses allergies et salue cette progression: "Je ne pense pas que cela va complètement changer mon quotidien, mais ça peut l’améliorer. Les journées peuvent vite se transformer en cauchemar si on n’a pas pris de médicament et qu’on se trouve dans une zone qui est très concentrée en pollens."
La nouvelle réjouit également le corps médical. L’allergologue Pierre Kaeser estime que ce nouveau système lui sera bénéfique: "Parfois, on a des doutes. Si on prend l’exemple du Covid-19, la symptomatologie chez les jeunes était très proche d’un allergique au pollen. Ce serait pratique pour nous d’avoir une certitude sur la pollinisation au moment où on voit un patient. C’est une façon pour nous de lui assurer que c’est une allergie et non pas un problème infectieux."
Du côté du personnel en charge des mesures de concentration du pollen au sein de MétéoSuisse, cette automatisation n’est pas perçue comme une menace et semble à l'inverse être plutôt bien accueillie. "On n’a pas peur pour notre travail. On continuera à faire des analyses en parallèle. On devra également détecter les nouveaux pollens que la machine ne connaît pas encore", certifie la laborantine Christine Sallin.
A noter que cette machine a encore une grande marge de progression si elle aspire à prendre définitivement la place de l'homme. "L’oeil humain a cette capacité de détecter toutes les petites nuances. On est capable de reconnaître une septantaine de pollens différents, l’appareil seulement quinze mais il va progresser", assure-t-elle.
Avec cette innovation, MétéoSuisse se place en pionnier dans la mesure des concentrations de pollen. Le Japon et l’Allemagne sont les deux seuls autres pays à être aujourd’hui équipés de systèmes automatisés. Une vingtaine de machines sont prévues aux quatre coins de la Suisse dans les différentes zones bioclimatiques..
L'installation ainsi que l'entretien de ces installations coûteront 1'373'000 de francs sur une période de dix ans.
Reportage TV: Elodie Botteron
Adaptation web: Florian Charlet