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Médicaments: la facture augmente toujours

Les médicaments resteront l'exception en matière d'importations.
Les Suisses paient toujours trop pour leurs médicaments
Les mesures prises par la Confédération pour faire baisser le prix des médicaments a permis des économies de 365 millions de francs en 2006. Malgré cela, la facture globale continue d'augmenter.

Le paquet décidé en automne 2005 pour faire baisser les prix
surfaits des médicaments comprenait deux mesures: la quote-part que
les patients paient de leur poche a été augmentée à 20% pour les
médicaments originaux, tandis qu'elle a été laissée à 10% pour les
génériques.

En dessous des prévisions

D'autre part, un accord a été passé avec l'industrie
pharmaceutique pour faire baisser le prix des anciens médicaments.
L'économie directement attribuable à ces deux mesures est de 356
millions de francs, a indiqué le surveillant des prix Rudolf Strahm
mardi.



Dans le détail, 180 millions ont été économisés grâce à l'accord
avec l'industrie pharmaceutique, chiffre qui reste en dessous des
250 millions escomptés. L'effet «quote-part», soit la substitution
accélérée des préparations originales par des génériques, a quant à
lui permis des économies de 65 millions de francs. Enfin, les
baisses «volontaires» pour faire face à cette concurrence générique
accrue sont estimées à 120 millions de francs.



Malgré ces corrections, les coûts globaux des médicaments n'ont
cessé de croître. L'augmentation du chiffre d'affaires global est
de 120 millions de francs. L'évolution «normale» du marché a ainsi
réussi à dépasser les économies réalisées, note le surveillant des
prix. La facture globale «médicaments» des caisses-maladie
continuera à augmenter sans doute également en 2007.

Industrie pharmaceutique montrée du doigt

Cette évolution ne s'explique pas par une hausse de la
consommation de médicaments, estime Rudolf Strahm. Pour lui,
l'industrie pharmaceutique a réussi à remplacer d'anciens produits
relativement bon marché par des nouvelles préparations bien plus
chères (voir ci-contre).



Le surveillant des prix conclut que les mesures engagées ont porté
leurs fruits mais qu'il s'agit d'un effet unique qui ne brise pas
la tendance à la hausse. Pour y remédier, Rudolf Strahm recommande
notamment que l'admission de «nouveaux» médicaments par Swissmedic
soit assortie d'un examen de la plus-value thérapeutique. Ceci
permettra de limiter l'inondation du marché par des
«pseudo-innovations».

Interpharma se défend

Interpharma, l'association qui représente la branche, rejette
les accusations de Rudolf Strahm. Les coûts globaux sont élevés
surtout en raison de nouveaux produits «hautement innovateurs», se
défend le secrétaire général Thomas Cueni.



Des médicaments contre le cancer ou fabriqués grâce à la technique
génétique en font partie, ce qui n'est certainement pas une
«pseudo-innovation». Ce sont surtout d'anciens produits qui ont été
retirés du marché, a-t-il poursuivi. Avec les connaissances
actuelles, ils ne seraient peut-être même plus autorisés
aujourd'hui.



ats/tac/hof

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«Pseudo-innovations» critiquées

Rudolf Strahm fustige l'industrie pharmaceutique suisse et ses pratiques qui consistent à mettre sur le marché des «nouveaux» médicaments vendus bien plus chers que leur première version.

Ainsi en 2006, 598 médicaments à un prix moyen de 66,50 francs ont été retirés de la liste des spécialités. Ils ont été remplacés par 543 nouveaux produits d'un coût moyen de 180,70 francs, soit le triple du médicament substitué.

Ces «nouveaux» médicaments n'étaient en partie que de nouvelles combinaisons de substances connues. Le surveillant des prix parle de «pseudo-innovations».

Cette politique de manipulation profite d'un vide juridique et réussit à gonfler la facture globale par simple substitution de produits souvent tout à fait comparables et sans plus-value thérapeutique.

Ce renchérissement par substitution reste un des moteurs les plus importants de l'augmentation des coûts.