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L'enquête sur des violences au centre d'asile de Chevrilles (FR) compromise

Le centre pour requérants d'asile de Chevrilles (FR). [Keystone - Anthony Anex]
L'enquête sur des violences au centre d'asile de Chevrilles (FR) compromise / La Matinale / 2 min. / le 30 juillet 2020
Les accusations de violence se multiplient contre des agents de sécurité qui auraient dérapé dans des centres fédéraux d'asile. Quatre requérants du centre de Chevrilles (FR) ont même déposé plainte pénale. Mais un avis de renvoi vient d'être prononcé contre 3 des 4 plaignants.

Les requérants seront expulsables dès la fin de cette semaine vers les pays d'Europe par où ils ont transité. Selon le Secrétariat d'Etat aux migrations, il n'y a pas de motifs de surseoir à ce renvoi car des sauf-conduits seront accordés aux plaignants s'ils doivent revenir pour les besoins de l'enquête.

>> Trois requérants du centre d'asile de Chevrilles accusent un agent de détention de violences. Les témoignages dans le 19h30 :

FR: trois requérants d'asile brisent le silence à Chevrilles et accusent un agent de détention de les avoir violentés
FR: trois requérants d'asile brisent le silence à Chevrilles et accusent un agent de détention de les avoir violentés / 19h30 / 2 min. / le 19 juin 2020

Ces assurances ne convainquent pas leur avocate Laila Batou, interrogée dans La Matinale de jeudi: "On ne peut pas accepter l'impunité qui se profile si la procédure se met à traîner comme on le voit malheureusement dans trop de procédures qui sont entreprises suite à des dénonciations de migrants dont l'accès à la justice est beaucoup plus limité que pour les personnes qui ont un droit de séjour en Suisse".

Des situations à éclaircir

Toutes les parties s'accordent pourtant sur l'importance d'éclaircir ces accusations de violence dans les centres fédéraux d'asile. La situation s'envenime depuis plusieurs mois, que ce soit à Genève, à Bâle et maintenant au centre de Chevrilles.

Visées par ces plaintes, les sociétés Securitas et Protectas renvoient au Secrétariat d'Etat aux migrations. Dans La Matinale, la porte-parole Emmanuelle Jaquet dit ne pas pouvoir commenter une procédure en cours, mais elle laisse comprendre que les faits sont contestés: "Il y a un climat actuel de suspicion".

Face à ce flou, ne faudrait-il pas mieux ouvrir une enquête interne?

"Pour l'instant, il n'y a pas une enquête en tant que telle mais il y a des échanges réguliers avec nos partenaires, notamment ceux en matière de sécurité, pour essayer de faire la lumière à l'interne et de prendre des sanctions si nécessaires", a encore expliqué Emmanuelle Jaquet.

En l'état, aucune sanction ni aucune suspension n'a été prise contre les agents de sécurité visés. Les défenseurs de l'asile s'en indignent et s'en inquiètent, pendant que certains extrémistes font justice eux-mêmes, avec notamment l'incendie de deux véhicules de la société Securitas ce mois à Fribourg.

>> Lire : Un site de l'ultragauche romande revendique des déprédations

Ludovic Rocchi/lan

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