Baptisé officiellement "De l'espace pour l'homme et la nature",
le texte réclame un gel des zones à bâtir pendant 20 ans. Il
s'agit, par le biais du nouvel article constitutionnel proposé, de
lutter contre le bétonnage et le mitage continus du pays.
"La surface urbanisée en Suisse a augmenté de 30 km2, soit d'un
m2 par seconde depuis le lancement de l'initiative en juillet 2007.
Cela correspond à 4200 terrains de football", a fait valoir la
conseillère aux Etats Simonetta Sommaruga (PS/BE) devant la presse.
Les initiants assurent que leur but n'est pas d'empêcher les
constructions, mais d'éviter la création de nouvelles zones
constructibles débordant sur la campagne.
Eviter de gaspiller le sol
Un moratoire n'est pas un problème vu les "énormes" réserves
disponibles, a souligné l'écologiste genevois Robert Cramer. Et de
rappeler qu'environ un tiers de la zone constructible suisse est
actuellement inutilisé. Ces 60'000 hectares vides pourraient
accueillir 2,5 millions de personnes, ce qui devrait suffire à
couvrir les besoins pour 20 ans, selon le conseiller d'Etat et
conseiller aux Etats.
Sans compter que stopper le "gaspillage" du sol ne profitera pas
qu'au paysage. Une politique de l'habitat raisonnable permet de
gagner en qualité de vie, ainsi que d'économiser des coûts
d'équipements et d'infrastructures, a ajouté Robert Cramer.
L'initiative vise parallèlement à mettre un terme à l'esprit de
clocher qui règne parmi les collectivités publiques, a insisté
Raimund Rodewald, directeur de la Fondation suisse pour la
protection et l'aménagement du paysage. La coordination doit être
améliorée entre les communes, les cantons et la
Confédération.
Les initiants comptent également surfer sur la vague verte
actuelle. "La politique climatique ne repose pas que sur la
réduction des émissions de CO2 et les économies d'énergie.
L'aménagement du territoire en est aussi un élément important", a
plaidé Simonetta Sommaruga.
ats/hof
Loi sur l'aménagement du territoire en jeu
Les initiants n'ont pas caché vouloir influencer avec leur texte la révision à venir de la loi sur l'aménagement du territoire.
C'est pourquoi les signatures ont été déposées avant le délai légal, qui courait jusqu'en janvier 2009, plutôt que d'en réunir le plus grande nombre possible, a expliqué le secrétaire central de Pro Natura Otto Sieber.
Pour lui, les récents débats sur l'abolition de la Lex Koller ont montré le souci grandissant à l'égard de l'utilisation du sol.
Les Chambres ont renvoyé le projet au Conseil fédéral faute de mesures d'accompagnement suffisantes à leurs yeux.
Une nouvelle mouture devrait être mise en consultation prochainement.
Les initiants
L'initiative pour le paysage est soutenue par des organisations de protection de la nature et du paysage ou proches des milieux écologistes.
Elle sera défendue au Parlement par des élus du parti des Verts, du PS, du PDC et du Parti évangélique.
Deux autres initiatives populaires sur le sujet, "Sauver le sol suisse" et "Contre la création effrénée d'implantations portant atteinte au paysage et à l'environnement", ont déjà été déposées en janvier.
L'association Helvetia Nostra de l'écologiste Franz Weber exige notamment une limitation du nombre des résidences secondaires et des grands complexes comme les parcs d'attraction, les parkings, les stades ou les centres commerciaux.