Les manifestants s'en sont pris au procureur général à l'origine
du tour de vis à l'encontre des squats. De nombreuses pancartes
critiquaient Daniel Zappelli. Un des manifestants avait caricaturé
le procureur général en Adolf Hitler.
Moutinot absent, Cramer encaisse
Robert Cramer, conseiller d'Etat chargé du dossier squat en
l'absence du titulaire Laurent Moutinot, en a aussi pris pour son
grade. Maurice Pier, porte-parole du collectif Rhino, a accusé le
ministre Vert d'avoir retourné sa veste en cautionnant l'évacuation
mardi du squat voisin de la Tour.
Cet habitant de Rhino depuis neuf ans a fait un vif plaidoyer pour
le droit au logement pour tous. «Les maisons à ceux qui les
habitent», a-t-il lancé à la foule enthousiaste qui a répondu par
une salve d'applaudissements.
Maurice Pier a ensuite invité le public à s'exprimer au micro.
Seules trois femmes, dont une représentante des communistes, s'y
sont aventurées. Les autres politiciens présents, dont le président
des Verts Antonio Hodgers et la présidente des socialistes Laurence
Fehlmann Rielle, ne se sont pas exprimés. Tous deux avaient déjà
vivement critiqué la méthode du procureur général dans des
communiqués.
Police discrète
Dans la foule se côtoyaient des anciens squatters, des habitants
d'autres squats, des punks ou simplement des sympathisants de la
cause. Le rassemblement qui s'est déroulé en musique dans une
ambiance bon enfant a bloqué la circulation pendant une bonne
partie de la soirée. Des petits groupes avaient installé des
canapés au milieu du carrefour.
La police qui était sur le qui-vive a maintenu une surveillance
discrète. Les forces de l'ordre voulaient éviter les débordements
qui ont entâché mardi soir la manifestation contre l'"évacuation
sauvage" du squat de la Tour. Un cordon de policiers a d'ailleurs
empêché un groupe de jeunes manifestants de se diriger vers ce
squat distant de quelques centaines de mètres.
ats/ant
L'étau se resserre autour des squatters
Les 80 habitants du Rhino craignent d'être expulsés lundi 16 juillet ou dans les jours qui suivent. Si cette information n'est toujours ni infirmée, ni confirmée par les autorités, l'étau se resserre autour des squatters.
Le propriétaire a envoyé une lettre à tous les chauffagistes de la place en leur interdisant de ravitailler les citernes de Rhino.
Sur le plan juridique, le Tribunal de première instance a décidé d'auditionner mardi les habitants et le propriétaire des bâtiments. Le collectif a aussi déposé jeudi un recours contre la décision des Services industriels de lui couper l'eau, le gaz et l'électricité.
Malgré ces pressions, les habitants ne perdent pas espoir. On va se battre pour que ce mode de vie continue, a indiqué Oona Connolly, habitante de Rhino depuis dix ans. A 30 ans, cette femme qui travaille à 60% a toujours préféré le mode de vie communautaire.
Rhino existe depuis 19 ans et a déjà été menacé d'expulsion à plusieurs reprises.