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Jungfrau: les militaires avaient été avertis

Les cérémonies pour les victimes de la Jungfrau font la Une
La montagne était recouverte de 60 centimètres de neige fraîche
Trois jours après le drame à la Jungfrau, il apparaît clair que les spécialistes de montagne de l'armée avaient été avertis du danger. Jeudi, un autre groupe de soldats avait préféré escalader le Mönch, sommet plus accessible.

«Mercredi soir, j'ai dit à l'un des deux guides de l'armée, qui
accompagnaient les victimes qu'une randonnée à la Jungfrau était
trop risquée», a expliqué Harry Sonderegger, guide de montagne et
chargé de cours à la Haute école pour le sport de Macolin (BE). Il
confirmait une information de la «NZZ am Sonntag».

Vieille règle ignorée

«Je ne serais jamais, jamais allé sur la Jungfrau», souligne-t
il. «Tout le monde a vu le soir d'avant que cela était trop
dangereux. Jusqu'à mercredi soir, on était en hiver, il y avait 60
centimètres de neige fraîche et de grosses congères. Le premier
jour de beau temps après des chutes de neige est le plus dangereux:
c'est une vieille règle de montagne.»



Mercredi déjà, une troupe de l'armée avait grimpé sur la face sud
du Mönch et déclenché une coulée, selon Harry Sonderegger. «A ce
moment-là, il n'y avait quasiment aucune visibilité et il neigeait
et ventait fortement». Cela aurait dû sonner comme une alerte et je
l'ai dit aux militaires, ajoute le guide.



Le soir, dans la cabane du Mönch, la randonnée prévue par l'armée
sur la Jungfrau était le sujet de discussion numéro un des civils
et des militaires. Selon Sonderegger, le guide de l'armée qu'il a
apostrophé n'a pas réagi à ses mises en garde, ni à ses critiques
liées à la «façon sportive et agressive» avec laquelle
progressaient ses militaires en montagne.

Problème de communication ?

Le guide pense aujourd'hui qu'il est possible que son homologue
militaire ne l'ait pas compris. «Je n'avais pas réalisé qu'il
parlait français», explique-t-il. D'une manière générale, les
civils et les militaires ne se mélangeaient pas dans la
cabane.



Harry Sonderegger a aussi parlé avec un autre sous-officier. Il
l'a croisé le jour du drame, en compagnie de six ou sept soldats,
sur le Mönch. «Mais je ne sais pas si ce groupe avait dès le départ
prévu de se rendre sur cette montagne ou si mes mises en garde
l'ont fait changé d'avis», admet-il.



La gardienne de la cabane du Mönch, Heidi König, confirme que sept
soldats se sont en effet rendus sur le sommet moins dangereux
jeudi. En tout, 24 militaires ont dormi dans sa cabane entre
mercredi et jeudi.



Le Département de la défense (DDPS) n'a pas voulu s'exprimer.
Jeudi, cinq recrues et un sergent ont trouvé la mort sur les flancs
de la Jungfrau, emportés par une avalanche.



ats/ant

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Cérémonies d'adieu lundi et mardi

Les corps des cinq recrues et du sergent morts jeudi sur les flancs de la Jungfrau ont été restitués aux familles après identification. Pour quatre d'entre eux, la messe d'adieu aura lieu lundi.

L'Institut de médecine légale a travaillé deux jours sans relâche afin de pouvoir restituer le plus rapidement possible les corps aux familles, a dit à l'ATS Martin Immenhauser, porte-parole de la justice militaire.

Des autopsies ont été pratiquées comme c'est le cas pour de tels accidents. Des analyses de sang ont aussi été menées. Cette partie de l'enquête est terminée.

Selon les faire-part publiés samedi dans le «Nouvelliste», des messes auront lieu lundi pour trois des quatre victimes valaisannes. Une cérémonie d'adieu sera célébrée le matin au Châble et une autre dans l'après-midi à l'abbaye de St-Maurice.

La famille de la recrue fribourgeoise lui dira adieu également lundi en l'église de Jaun (FR), selon le faire-part publié dans «La Liberté».

La cérémonie funéraire officielle en mémoire des six victimes est prévue mardi à 14h00 à Andermatt (UR). Les proches des six jeunes tués devraient y participer, comme le conseiller fédéral Samuel Schmid.