Un nombre de 180 contaminations samedi, 138 dimanche, 66 lundi… Après l'erreur de l'OFSP concernant les lieux de contamination - principalement les bars et lieux nocturnes, alors que c'est dans les familles que le pourcentage est le plus élevé en réalité - certains politiciens s'interrogent sur le bien-fondé de ces publications quotidiennes.
Pour le conseiller national Christian Wasserfallen notamment, cela ne fait qu'alimenter les craintes sans refléter la réalité. Le PLR bernois estime que le chiffre significatif est celui du nombre d'hospitalisations.
"Ce sont vraiment les cas graves dans la société", explique-t-il. "Ce sont ces chiffres qui comptent, pas le chiffre total, parce que beaucoup de personnes n'ont pas de complications. De ne discuter dans le public que de tous les cas positifs, c'est une information nulle. On doit se concentrer sur les personnes hospitalisées."
"C'est une obligation d'informer le public"
En réponse, l'épidémiologiste Marcel Tanner souligne d'emblée mardi dans La Matinale qu'il est important que l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) donne ces chiffres. "C'est une obligation d'informer le public des nouvelles infections", rappelle-t-il.
Mais ce membre de la task force scientifique auprès de la Confédération ajoute qu'il faut surtout les mettre dans leur contexte: "Le point important n'est pas seulement de connaître les chiffres, mais de voir les tendances, de voir s'il y a une croissance exponentielle par exemple, et surtout de connaître la répartition des cas identifiés. Ces 60, 100, 120 cas, où sont-ils? Sont-ils tous dans une région, dans une ville? Ou sont-ils répartis d'une façon homogène dans notre pays?", interroge-t-il.
Maintenir la sensibilisation de la population
Pour Marcel Tanner, également président de l'Académie suisse des sciences, il est aussi nécessaire de conserver la fréquence quotidienne des chiffres pour maintenir la sensibilisation de la population. "Mais pour éviter de la paniquer, de lui faire peur", précise-t-il une nouvelle fois, "c'est bien de mettre ces chiffres dans leur contexte et de montrer où il y a des changements pour que l'on puisse avertir les gens".
"Notre stratégie", souligne encore l'épidémiologiste, "n'est pas d'attendre une grande vague qui couvre toute la Suisse ou toute une région, mais d'avoir la capacité d'agir vite pour aller là où il y a des foyers de transmission (…) Il ne faut pas attendre une semaine pour annoncer qu'il y a une forte croissance, il faut donner l'information, les prévisions, comme on le fait avec la météo".
Marcel Tanner craint également qu'en multipliant les données, comme celles des hospitalisations ou des tranches d'âge des personnes contaminées, on inonde inutilement les gens de statistiques. "On peut donner de grands tableaux, mais cela va susciter de la panique, de la peur. C'est beaucoup mieux de montrer qu'on est sur la bonne voie mais qu'il faut la responsabilité de tout le monde pour rester dans cette situation ou encore l'améliorer".
Propos recueillis par Benjamin Luis/oang