Le juge d'instruction militaire Christoph Huber a informé pour la première fois jeudi matin sur l'avancement de son enquête. «Les témoignages des huit survivants confirment qu'il y a eu une coulée de neige au-dessus de la première cordée lors de l'accident», a-t-il déclaré. «Certains ont déclaré avoir senti de la neige passer sous leurs pieds mais pas forcément avoir perdu l'équilibre pour cette raison».
Les premières auditions n'ont pas permis de présenter un image complète et univoque des évènements, même s'il n'existe «pas de contradictions sur le fond». Les déclarations de l'appointé-chef A.P., qui a affirmé ne pas avoir remarqué d'avalanche, ne semblent a priori pas poser de problème non plus. Selon le juge d'instruction, il est possible, d'après les spécialistes, que la chute d'une plaque de neige passe inaperçue.
Déterminer l'origine de l'avalanche
Christoph Huber n'a pas souhaité se prononcer à ce stade de l'enquête sur le lien direct entre la coulée de neige et l'accident. Un faux-pas par l'une des recrues ou un autre évènement «relèvent toujours du domaine du possible» pour expliquer l'origine du drame.
Il s'agit donc de savoir plus précisément ce qui a déclenché l'avalanche. L'Institut fédéral pour l'étude de la neige et des avalanches de Davos devra rendre un rapport d'ici quelques semaines.
La responsabilité sera déterminée plus tard
Le juge d'instruction n'a pas souhaité non plus se prononcer sur une éventuelle responsabilité dans cet accident et sur le rôle de l'armée. Ce n'est que lorsque la première phase de la procédure sera terminée et que les faits auront été reconstitués que se posera la question de savoir «si quelqu'un a une responsabilité pénale dans l'affaire».
Que les recrues aient été emportées par l'avalanche ou qu'elles soient tombées après la chute de la plaque de neige n'a rien à voir avec une question de culpabilité ou d'innocence. Mais ce point est très important pour la reconstitution des faits.
Guides de montagne
Christoph Huber a également refusé d'en dire davantage sur les avertissements qui auraient été adressés aux guides de montagne de l'armée la veille du drame. Cette question fait l'objet de l'enquête en cours.
Le juge d'instruction a en revanche confirmé les dires d'un guide civil selon lequel les soldats se trouvaient sur le Mönch un jour avant l'accident. Mais il est hors de question qu'une plaque de neige se soit détachée à cet endroit à ce moment.
ats/bri
Première étape
L'enquête n'en est qu'à sa première étape: la recherche de preuves. Il n'y a pour l'instant ni suspect ni accusé, a souligné Christoph Huber.
Le juge d'instruction va rendre, vraisemblablement en octobre, un rapport complet sur les évènements et faire une proposition au commandant d'école Franz Nager sur la suite juridique à donner à l'affaire.
Trois possibilités s'offrent à lui: demander de classer l'affaire, de la régler de manière disciplinaire ou d'ouvrir une enquête préliminaire. La deuxième procédure est peu vraisemblable.
La justice militaire se justifie
En présentant l'état d'avancement des recherches sur le drame de la Jungfrau, les représentants de la justice militaire ont passé jeudi plus d'une demi-heure à se justifier devant les médias. Ils rejettent les critiques faites à leur manière d'informer.
«Nous comprenons le désir pressant des proches des victimes et du public de connaître rapidement les faits. Mais nous devons nous en tenir aux règles de la procédure pénale militaire», a déclaré Martin Immenhauser, porte-parole de la justice militaire.
La justice militaire a évoqué la présomption d'innocence. «L'information au public ne doit pas conduire à une condamnation a priori». Il s'agit aussi d'éviter que les rumeurs se multiplient et de rectifier les informations incorrectes. Que cela amplifie ou réduise les critiques envers l'armée n'est pas un critère, selon M. Immenhauser. Et de souligner que la justice militaire est indépendante.