L'isolement du semi-confinement a beaucoup nui à la santé psychique des plus de 65 ans. En mai dernier, les seniors ont été 24% de plus à appeler la Main Tendue au 143 que le même mois en 2019, toutes régions confondues. Les aînés se sont plaints de solitude, de détresse psychique et aussi régulièrement de pensées suicidaires.
Cette tendance a été particulièrement marquée en Suisse centrale, et dans les cantons de Genève, de Berne et du Tessin. De nombreux seniors ont souffert de crises d'angoisse, d'autres de dégradations physiques dues au manque d'exercice.
Regard accusateur
La fermeture des structures d'accueil de jour a également lourdement affecté les partenaires de personnes souffrant de démence.
La peur de sortir a plongé d'innombrables seniors dans l'isolement, et ceux qui n'ont pas renoncé à leurs promenades dans le nature l'ont souvent fait avec un sentiment de honte, face au regard accusateur d'une partie de la société, comme l'a expliqué dans La Matinale de vendredi Catherine Besançon, directrice de la Main Tendue vaudoise:
"Si l'on compare avec l'année précédente, les seniors ont beaucoup souffert de cette période difficile, ils ont été privés de contact et se sont plaints d'être stigmatisés lorsqu'ils allaient faire leurs courses. Ils se sont sentis inutiles."
Sentiment d'inutilité
S'exprimant dans la Luzerner Zeitung, le co-président du Conseil suisse des aînés, Roland Grunder, n'est pas non plus surpris par cette détresse des seniors: "On les a extraits de la société et ça c'est mortel pour le 3e âge. On sait que les personnes âgées sont plus sujettes à la dépression".
Pour Jacques de Coulon, philosophe et ancien recteur du Collège Saint-Michel à Fribourg, le confinement a amplifié le sentiment d'inutilité des plus âgés: "Les personnes âgées se sentent inutiles parce que nous vivons dans une société qui met en avant l'efficacité, le bonheur et lorsque on est un peu en dehors de ce système, on est considéré comme une personne inutile".
Alain Arnaud/lan