Les CFF n’augmenteront pas la cadence des trains lors de la rentrée. L’offre réduite, en place depuis le 11 mai dernier, le restera au moins jusqu’au prochain changement d’horaires, en décembre.
Sur la ligne du Simplon, les trains supplémentaires proposés aux heures de pointe ne seront pas remis en service. Il en va de même pour les trains régionaux entre Lausanne et Saint-Maurice, Vallorbe et Le Brassus ainsi que Lausanne et Vallorbe. A Genève, le Léman Express conserve aussi pour le moment une cadence à la demi-heure et non plus au quart d’heure.
Besoin de 60 conducteurs supplémentaires chaque jour
"La situation était déjà tendue, la crise du coronavirus l’a aggravée », explique Jean-Philippe Schmidt, porte-parole des CFF. "La mise à l’arrêt des formations a provoqué un retard de deux à quatre mois dans le cursus des nouveaux mécaniciens", précise-t-il.
Au centre de formation des CFF à Lausanne, les cours ont repris avec un nombre de participants limités en raison des normes sanitaires. "Nous espérons combler ce manque de main d’œuvre grâce à l’ouverture de cinq classes cette année en Suisse romande. Au total, 340 mécaniciens seront en formation cet automne aux CFF, ce qui représente 10% du personnel total des locomotives", détaille Jérôme Buttex, formateur et mécanicien.
Pourtant, ces embauches ne suffiront pas à améliorer la situation dans l’immédiat selon Jean-Philippe Schmidt : "Il nous manque actuellement 60 mécaniciens par jour. Heureusement, certains employés renoncent à des congés pour faire fonctionner les trains."
Ras-le-bol des cheminots
Mais ces modifications d’horaires à répétition interviennent souvent à la dernière minute et se répercutent sur l’organisation familiale des conducteurs de trains. Une situation dénoncée par les syndicats. "La politique des ressources humaines des CFF est en cause. Ils ont optimisé de façon drastique les ressources humaines en engageant le minimum de personnel", affirme Philippe Poltera, secrétaire de la section genevoise du syndicat des mécaniciens de locomotive (VSLF).
Selon lui, les conditions actuelles de travail ne permettent plus de susciter des vocations : "Le métier fait rêver les enfants de quatre ans mais un jeune de 20 ans n’a plus envie de s’impliquer dans une profession avec des horaires si contraignants qui impactent grandement la vie privée. »
Les CFF estiment que cette situation de sous-effectif devrait s’améliorer à partir de mi-2021. Mais le problème est loin d’être résolu, de nombreux mécaniciens s’apprêtent en effet à prendre leur retraite. Les CFF estiment que près d'un millier de nouveaux conducteurs devront être trouvés ces prochaines années.
Romain Boisset