La Poste se lance dans un test de distribution du courrier à la carte

Les habitants des localités de Bassecourt (JU) et d’Aesch (BL) vont pouvoir décider durant deux mois du jour de réception de leurs lettres, a appris la RTS. La Poste ne parle que d’une étude de marché à très petite échelle, mais le syndicat Syndicom s'interroge.

C’est par un courrier arrivé il y a quelques jours dans les boîtes aux lettres que les habitants des deux communes concernées ont été appelés à "contribuer à façonner La Poste". L’usager est invité à choisir les jours de la semaine où il recevra son courrier. Les avantages, pour lui, sont multiples selon l'entreprise publique: il évite des trajets inutiles à la boîte aux lettres, il peut planifier ses jours de présence et éviter de perdre du temps pour récupérer un envoi manqué.

Rien de prévu à plus grande échelle

Le courrier reçu par les habitants de Bassecourt (JU). [RTS - Gaël Klein]

"La Poste veut évaluer si les clients souhaitent recevoir leur courrier des jours déterminés, comme c'est déjà le cas pour les colis où les clients peuvent choisir quel jour ils souhaitent les recevoir", explique la porte-parole de La Poste Nathalie Dérobert Fellay mercredi dans La Matinale. "C'est un test à très petite échelle", assure-t-elle. "Il faudra examiner, analyser les résultats (…) Il est totalement prématuré de commencer à imaginer quelque chose à une plus grande échelle".

Côté syndical, Syndicom dit ne pas avoir été informé au préalable de ce test et formule quelques inquiétudes, sachant que le passage du facteur tous les jours est remis en cause notamment chez Avenir Suisse.

"Cela pose beaucoup de questions"

"Comme à chaque fois que La Poste tente quelque chose, on n'informe pas le syndicat, donc les employés, et on informe la clientèle par lettre, cela pose beaucoup de questions", souligne le responsable du syndicat pour la région Romandie Dominique Gigon.

"Peut-être qu'on aura des réponses rassurantes, peut-être pas, on verra", poursuit-il. "Si (…) c'est le premier signal vers une distribution tous les deux jours ou deux fois par semaine comme certains le demandent, alors on parle de quelque chose de beaucoup plus impactant en termes d'emplois mais aussi pour la clientèle".

Le test, facultatif, va durer jusqu’au 31 octobre. La Poste assure que la distribution du courrier reprendra normalement dès cette échéance pour ceux qui auraient choisi d’essayer cette nouvelle formule.

Gaël Klein/oang

Publié le 19 août 2020 à 08:33 Modifié le 19 août 2020 à 18:51

"La Poste ne fait pas de tests pour la beauté du geste"

Interrogée mercredi soir dans Forum, la conseillère nationale valaisanne Marianne Maret (PDC) a fait part de ses inquiétudes quant aux essais du géant jaune. "Une structure aussi gigantesque que La Poste ne fait pas des tests uniquement pour la beauté du geste. Ça veut dire que derrière il y a une idée de résultats. Et si ces tests devaient amener à penser qu'il y a des économies envisageables, je crains qu'on aille de l'avant avec l'extension de ces mesures sur l'ensemble du territoire", estime la démocrate-chrétienne.

Marianne Maret est aussi revenue sur le fait que les syndicats et les commissions parlementaires n'ont pas été mis au courant de ce projet. "Je n'aime pas cette façon de faire les choses à la sauvette", dit-elle, tout en rappelant que la livraison du courrier est un service universel qui est inscrit dans la loi (au moins 5 jours sur 7) .

Quant à savoir si cette idée est réellement problématique, la Valaisanne estime que certaines personnes ne sont effectivement pas sensibles à cela, mais souligne cependant le caractère social que revêt la livraison du courrier, notamment pour les personnes âgées.

Marianne Maret affirme qu'elle déposera une interpellation lors de la prochaine séance du Parlement, notamment pour savoir si le Conseil fédéral était au courant de ces essais.