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Nouvelle batterie de mesures pour freiner les coûts de la santé en Suisse

Pour freiner les coûts de la santé, le Conseil fédéral veut faire la chasse aux prestations médicales inutiles
Pour freiner les coûts de la santé, le Conseil fédéral veut faire la chasse aux prestations médicales inutiles / 19h30 / 2 min. / le 19 août 2020
Les soins médicaux devraient être mieux coordonnés afin de réduire les traitements inutiles. Le Conseil fédéral a mis mercredi en consultation jusqu'au 19 novembre le deuxième volet de mesures destiné à freiner la hausse des coûts de la santé.

Ce deuxième paquet constitue un contre-projet indirect à l'initiative du PDC "Pour des primes plus basses", qui exige que la Confédération et les cantons prennent des mesures incitatives contraignantes lorsque le coût des soins augmente trop fortement par rapport à l'évolution des salaires.

Une économie d'un milliard de francs est attendue. Soit environ 3% sur le montant des primes.

Améliorer la transparence

La mesure centrale du projet concerne la maîtrise des coûts dans l'assurance obligatoire. Confédération et cantons devront définir chaque année dans quelle mesure les coûts peuvent augmenter, dans les soins stationnaires, les traitements ambulatoires ou les médicaments.

L'objectif est d'améliorer la transparence, de renforcer la responsabilité et de réduire les prestations inutiles d'un point de vue médical. Ce volet répond donc aux demandes du PDC. De plus, les principaux acteurs sont impliqués, rappelle le gouvernement.

>> Lire également : L'initiative du PDC pour freiner les coûts de la santé a abouti

Eviter les traitements inutiles

Le Conseil fédéral propose en outre trois mesures pour renforcer la coordination, pour éviter les traitements inutiles et pour améliorer la qualité des soins.

Les modèles avec un choix limité de fournisseurs de prestations ayant fait leurs preuves, le Conseil fédéral souhaite que chaque habitant de Suisse choisisse un premier point de contact en cas de problème de santé. Il peut s'agir d'un médecin de famille, d'un cabinet HMO ou d'un centre de télémédecine. Ces contacts conseillent les patients, les traitent ou les adressent à un spécialiste. Cette mesure doit permettre des économies de plusieurs centaines de millions de francs.

Pour Philippe Eggimann, président de la Société médicale de Suisse romande interrogé dans l'émission Forum, les décisions du Conseil fédéral vont avoir pour conséquence "la fin du libre-choix du médecin". Actuellement, 70% des Suisses ont renoncé au libre-choix du médecin, en partie pour des raisons économiques. "C'est un choix personnel, souvent lié à des contraintes économiques", rappelle le médecin. "On se dirige à cause de ça progressivement vers une médecine à deux vitesses, qui fait que vous avez un modèle d'assurance moins chère, et si vous avez les moyens, vous pouvez quand même aller chez un spécialiste, à l'image de ce qui se passe dans les pays qui nous entourent."

>> Interview de Philippe Eggimann, président de la Société médicale de Suisse romande :

Philippe Eggimann, médecin et président de la société vaudoise de médecine. [DR]DR
Voir un généraliste avant de consulter un spécialiste: interview de Philippe Eggimann / Forum / 5 min. / le 19 août 2020

Afin de renforcer la qualité des soins, des réseaux coordonnés doivent être créés. Regroupés, les spécialistes pourront proposer un accompagnement médical coordonné. Les patients souffrant de plusieurs maladies en profiteront, car ils seront accompagnés tout au long de leur traitement de manière efficace.

Actuellement, il existe trop d'interfaces et les structures sont isolées. Cela entraîne des erreurs médicales et une surcharge de travail.

>> Interview de Michel Matter, vice-président de la Fédération des médecins suisses, dans le 19h30 :

Nouvelles mesures pour freiner les coûts de la santé: entretien avec Michel Matter, vice-président des médecins suisses
Nouvelles mesures pour freiner les coûts de la santé: entretien avec Michel Matter, vice-président des médecins suisses / 19h30 / 3 min. / le 19 août 2020

Accès aux médicaments garanti

L'accès rapide et avantageux aux médicaments innovants et coûteux doit également être garanti. La pratique qui prévoit des conventions avec les entreprises pharmaceutiques devra être fixée au niveau de la loi. Celles-ci doivent rembourser aux assureurs une partie des coûts. Des modèles de prix avec rabais sont notamment fixés.

Ce deuxième volet comprend d'autres mesures telles qu'un examen différencié de l'efficacité, de l'adéquation et de l'économicité des médicaments ou encore l'introduction de tarifs de référence équitables pour garantir la concurrence entre les hôpitaux.

Le Conseil fédéral a déjà transmis au Parlement un premier parquet de neuf mesures. Le National a déjà traité quatre mesures lors de la session de juin.

ats/ther

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