Le congé paternité de deux semaines soumis au peuple le 27 septembre part avec une belle avance dans les intentions de vote (63% de oui), selon le sondage de l'institut gfs.bern. Il réalise même un score canon en Suisse romande, avec presque 80% de votes positifs.
La loi sur la chasse reçoit de son côté le soutien de 54% des personnes interrogées, alors que l'augmentation des déductions fiscales pour les enfants ne convainc pour l'instant qu'une petite majorité de la population (51%).
CONGE PATERNITE: l'UDC esseulée
Le congé paternité de deux semaines obtient 63% d'intentions de vote favorables, une majorité claire. Un total de 35% des sondés se disent plutôt ou clairement contre l'objet, alors que 2% seulement sont encore indécis.
Les sympathisants de l'UDC apparaissent comme les seuls à rejeter ce projet, avec 66% de refus. Les électorats des autres partis, avec des pointes pour les Verts (89%) et les socialistes (88%), acceptent assez largement ces deux semaines sans travail pour les jeunes pères.
La Suisse romande comme locomotive
Selon gfs.bern, "il règne un vaste consensus social sur la question du congé de paternité payé". Le niveau d'éducation semble être un des rares facteurs socio-économiques jouant un rôle: les personnes détenant un niveau d'éducation réduit refuseraient pour l'instant en majorité l'objet (46%), contrairement aux personnes avec un niveau d'éducation élevé (67% de "oui").
Autant les hommes que les femmes veulent adopter le congé paternité, mais ces dernières plus nettement (67% contre 60%). Le projet de loi obtient aussi plus largement l'approbation des plus jeunes. Romands (78%) et Tessinois (72%) le plébiscitent, alors que le oui alémanique est moins net (59%).
La formation de l'opinion se trouve déjà à un stade avancé: 62% des électeurs ont déjà un avis ferme sur la question.
LOI SUR LA CHASSE: ville et campagne se différencient
Dans le détail, 54% des Suisses interrogés se positionnent en faveur de la modification de la loi sur la chasse, et 36% y sont opposés. La part des électeurs et électrices encore indécis se monte à 10%.
Un certain clivage ville-campagne est constaté, selon gfs.bern. En milieu urbain, l'objet n'est soutenu qu'à 53%, alors que dans les milieux ruraux le "oui" l'emporte plus largement (61%).
Cette tendance réjouit le défenseur de la révision et conseiller national valaisan Sidney Kamerzin (PDC). "On s'attendait à un gros clivage ville-campagne. La bonne nouvelle du jour, c'est que dans les centres urbains nous sommes presque à 50-50. Les arguments des opposants ne font pas mouche dans les villes", estime-t-il dans Forum.
Pour la conseillère nationale genevoise Isabelle Pasquier-Eichenberger (Les Verts), le combat est compliqué, mais pas perdu d'avance. "Quand on conteste la révision d’une loi et qu'on a le Conseil fédéral contre nous, c’est plus difficile. On est sur un sujet émotionnel avec l’icône du loup, qui fait peur largement, et nous on doit donner la voix à des espèces vulnérables et protégées qui sont peut-être moins emblématiques. Mais on a encore de la marge de manœuvre", explique-t-elle sur la RTS.
Clivage gauche-droite
Concernant l'affiliation aux partis, une différence gauche-droite se fait clairement sentir. Les sympathisants du PS et des Verts tendent vers le "non", tandis que ceux du PDC, du PLR et de l'UDC penchent pour le "oui". Toutefois, près d'un tiers des sondés ne suivent pas - pour l'instant - le mot d'ordre de leur parti.
Pour cette votation, les facteurs socio-économiques ne jouent qu'un petit rôle. Tous les groupes de population se trouvent actuellement en majorité dans le camp du "oui". Il en va de même pour les trois plus grandes régions linguistiques de la Suisse.
Alors que la campagne pour cet objet entre dans sa phase principale, le stade de formation de l'opinion est encore bas à moyen, indique gfs.bern.
DEDUCTIONS FISCALES POUR LES ENFANTS: issue ouverte
Selon le sondage de gfs.bern, les déductions fiscales pour enfants obtiennent de justesse une majorité de "oui", avec 51% d'intentions de vote favorables. Le camp du "non" rassemble pour l'heure 43% des voix des sondés. Il n'y a que 6% d'indécis.
Les sympathisants de l'UDC sont les seuls à rejeter le projet de loi (à 55%). Mais l'électorat des autres formations politiques ne le soutient qu'assez timidement.
Aucune tendance ne se dessine encore en Suisse alémanique (48% pour le "oui" et le "non"), alors que le oui est devant en Suisse romande (60%) et au Tessin (67%).
Le tableau de l'opinion est encore mouvant: 47% des sondés seulement ont un avis fermement tranché. La campagne précédent la votation va donc jouer un rôle phare, estime gfs.bern.
Avions de combat et immigration
Les résultats du sondage concernant les deux autres objets soumis au vote le 27 septembre (l'initiative de l'UDC "Pour une immigration modérée" et l'acquisition de nouveaux avions de combat) ont été publiés jeudi.
Alors que le renouvellement de la flotte d'avions de l'armée séduit une majorité de la population, l'initiative dite de limitation de l'UDC peine à convaincre les Suisses.
>> Lire aussi : L'initiative UDC démarre mal, les avions de combat séduisent, selon un sondage SSR
Guillaume Martinez / Tybalt Félix
Méthodologie
Le sondage a été réalisé par l'institut gfs.bern sur mandat de la SSR. Il a été effectué par téléphone et sur internet, entre le 3 et le 17 août 2020. Il a porté sur un échantillon représentatif du corps électoral suisse de 29'540 personnes. La marge d'erreur est de +/-2,9 points de pourcentage.