L'enjeu est en effet simple pour la responsable du DFJP, chargée de défendre la position de l'exécutif: il en va de la prospérité helvétique. "Les traités bilatéraux 1 sont liés par la clause guillotine. En cas d'acceptation de l'initiative UDC, ce sont toutes les bilatérales 1 qui tomberaient automatiquement. Ce n'est pas dans l'intérêt de notre pays, car les entreprises suisses, pour garder les places de travail, ont besoin d'un accès direct au marché européen", explique la conseillère fédérale saint-galloise.
Le marché du travail indigène a déjà passablement souffert de la récente crise sanitaire. L'acceptation de l'initiative dite de limitation ne ferait que fragiliser encore plus l'emploi en Suisse, estime la libérale-radicale. "La pandémie a déjà créé un choc que l'on espère court. Le Conseil fédéral ne veut pas qu'on ajoute au chômage actuel un choc économique que l'on ressentirait sur le long terme", précise la Saint-Galloise.
Pas de dumping salarial constaté
Sur l'antenne de la RTS, Karin Keller-Sutter dit ne pas constater de dumping salarial en raison de la concurrence des travailleurs de l'Union européenne. "Nous n'avons pas d'indices que ce soit le cas. Si l'on regarde les salaires, notamment modestes, ils ont progressé. Au contraire, les personnes venant de l'étranger complètent certaines lacunes sur le marché suisse du travail", explique la conseillère fédérale, rappelant par ailleurs que 20'000 frontaliers ont travaillé dans le secteur hospitalier durant la crise sanitaire. "Cela n'aurait pas été possible à gérer sans eux", estime-t-elle.
Selon un premier sondage réalisé par l'institut gsf.bern pour la SSR paru jeudi dernier, 35% des Suisses se déclarent favorables à l'initiative UDC "pour une immigration modérée" alors que 61% y sont hostiles.
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Propos recueillis par David Berger
Adaptation web: Jérémie Favre