Ce congé devrait être pris dans les six mois suivant la naissance, pas forcément en bloc. Il garantit 80% du revenu, mais au maximum 196 francs par jour. La charge financière serait de 230 millions de francs par an et nécessiterait un relèvement de 0,05 point des cotisations sociales concernées. Sur le salaire moyen suisse de 6500 francs par mois, employeur et employé devraient verser ensemble 3,90 francs de plus.
Un jour de congé usuel: c'est ce que la Suisse accorde aujourd'hui aux pères à la naissance de leur enfant. Soit autant que pour un déménagement. Le pays fait ainsi piètre figure en Europe: il est le seul à ne connaître ni congé parental, ni congé paternité, même si certaines grandes entreprises offrent un congé paternité de plusieurs semaines, tout comme plusieurs administrations cantonales.
Large soutien
Ce congé a toutes les chances de s'imposer dans les urnes, car il bénéficie d'un large soutien de la plupart des partis politiques et de nombreuses organisations. Et selon le premier sondage de la SSR diffusé le 21 août, 63% des citoyens entendent "fermement" ou "plutôt" voter en faveur de cet objet, tandis 35% se sont dit plutôt ou clairement contre. Seuls 2% étaient encore indécis. "La Suisse est mûre pour le congé paternité", a affirmé Adrian Wüthrich, président de TravailSuisse, durant la campagne.
Aucune loi ne mentionne le droit à un congé paternité. Cela n'est plus en phase avec notre époque, estiment le Conseil fédéral, le Parlement et les partisans du projet. Selon eux, l'introduction d'un congé paternité de deux semaines est un signal fort pour les familles, puisqu'il permettra au père d'être plus présent pour l'enfant, de s'impliquer plus activement dans la nouvelle dynamique familiale et de décharger la mère de certaines tâches.
Un congé paternité favorise l'équilibre du couple, estiment encore les partisans: les deux parents pourront s'occuper de l'enfant et des autres tâches et contribuer au revenu du ménage. Ainsi, précisent-ils, toute la famille en bénéficie, tout comme l'économie qui ne sera pas privée de personnes qualifiées.
Trop coûteux, selon les opposants
Le référendum est porté par l'UDC, quelques membres des jeunes libéraux-radicaux et du PDC. L'UDC n'est toutefois pas unie face au sujet. Les sections romandes font sécession. Elles se sont toutes prononcées en faveur du projet congé paternité. Quant au PLR, il a opté à une voix près pour le "non" en assemblée des délégués, estimant que ce n'est pas la bonne solution. Le parti veut un congé parental qui permette aux couples de s’organiser comme ils l’entendent, de manière flexible.
Pour les opposants au congé, celui-ci est trop coûteux pour les employés et les employeurs. Selon eux, tout le monde verra son salaire diminuer afin que "quelques personnes" puissent prendre des vacances payées. De plus, estiment-ils, les PME n'ont pas les moyens financiers ou organisationnels pour mettre en place un tel congé, qui entraîne des coûts indirects de 500 à 900 millions de francs, et les remplacements de courte durée sont compliqués.
L'Etat n'a pas à se mêler des affaires des familles, ajoute le comité référendaire, pour qui un congé imposé par l'Etat ne change rien à la répartition des rôles au sein du couple et ne renforce pas le sens des responsabilités des pères.
ats/jpr