Le nombre de nouvelles infections signalées augmente dans de nombreux cantons, mais les lits de nos hôpitaux restent pour l'instant peu occupés par des malades de Covid-19, comme le montre le graphique ci-dessous.
Les cas de Covid augmentent, mais pas les hospitalisations ni le nombre de décès:
Une tendance qui peut s'expliquer par trois facteurs selon une enquête de SRF News, qui a analysé les données de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP).
1) Davantage de tests
Actuellement, une partie considérable des contaminations au coronavirus sont sans symptômes ou avec des symptômes très légers, donc pratiquement invisibles.
Comme un nombre limité de tests étaient disponibles au printemps, au plus fort de la crise sanitaire, seules les personnes présentant des symptômes de la maladie et appartenant à des groupes à risque pouvaient être testées. Conséquence: un certain nombre de cas "invisibles" ont sans doute été exclus des données.
Le système de test a ensuite été adapté au fur et à mesure des capacités disponibles: à partir du 22 avril, toutes les personnes présentant des symptômes pouvaient être testées. Et depuis le 25 juin, la Confédération a pris en charge les coûts des tests. Ces changements ont contribué à l'augmentation du nombre de personnes testées en Suisse.
Davantage de cas asymptomatiques ou avec des symptômes légers ont donc été inclus dans les statistiques. On peut par conséquent supposer que le nombre de personnes nouvellement infectées était en fait bien plus élevé en mars et avril.
Le taux dit de positivité du test, la proportion de tests positifs pour tous les examens effectués, étaye cette hypothèse. Selon les recommandations de l'OMS, tant que ce pourcentage est inférieur à 5%, on a une image fiable de la propagation du virus. Lors de la première vague de mars et avril 2020, le taux de positivité était nettement plus haut que cette barre (voir ci-dessous), mais le nombre de cas non signalés devait aussi être proportionnellement bien plus élevé.
Pour l'épidémiologiste Emma Hodcroft, de l'Université de Bâle, interrogée par SRF News, cette explication semble plausible: "Les infections asymptomatiques étaient moins susceptibles d'être découvertes au début de l'épidémie. Par conséquent, les actuels 300 cas quotidiens sont probablement plus proches de la réalité que les 300 cas du printemps. Les nouvelles infections étaient alors certainement nettement plus élevées".
2) Les jeunes plus touchés
Les jeunes générations, en particulier les personnes âgées de 20 à 29 ans, sont actuellement les plus concernées, comme le confirment les nouveaux chiffres de l'OFSP.
Selon ces données, indépendamment du nombre plus important de tests effectués, la proportion de tests positifs n'a cessé d'augmenter depuis la mi-juin pour cette tranche d'âge.
Evolution des tests positifs par tranche d'âge:
Les moins de 30 ans représentent actuellement environ la moitié de toutes les nouvelles infections déclarées en Suisse, et même jusqu'à 70% dans certains cantons, alors que les jeunes ne représentent qu'environ un tiers de la population totale.
Evolution du nombre de cas par tranche d'âge:
Cela a des conséquences sur le nombre d'hospitalisations. Comme il a été démontré que les jeunes sans maladies préexistentes sont moins affectés par le Covid, moins de personnes finissent dans les hôpitaux.
3) Meilleure protection des aînés
Alors que les contaminations dans le groupe des 30-59 ans sont restées constantes depuis le début de la pandémie, il y a eu une nette évolution à la fois chez les jeunes et les personnes âgées.
Les plus de 60 ans représentent 25% de la population suisse. La proportion de cas de coronavirus dans ce groupe d'âge par rapport aux autres était parfois de presque 40% au printemps - soit environ 15 points de pourcentage de plus que leur part dans la population. Les plus de 60 ans ont donc été touchés à ce moment de l'année de manière disproportionnée.
Mais, depuis, la situation a considérablement changé. Au cours des derniers mois, les seniors sont proportionnellement nettement moins frappés par les cas de Covid (voir le graphique ci-dessous). Ce sont à présent les jeunes générations qui sont majoritairement concernées.
Evolution du nombre de cas par tranche d'âge:
Selon l'épidémiologiste Emma Hodcroft, les personnes âgées ont adapté leur comportement et sont davantage vigilantes face aux risques de contamination. Cela les protège pour le moment et permet d'éviter des hospitalisations. Mais, avertit-elle, "plus il y aura de cas et plus le danger d'infection des personnes à risques sera grand".
Julian Schmidli et Felix Michel/SRF Data
Adaptation française: Guillaume Martinez