L'association hospitalière SpitalBenchmark et PwC Suisse ont publié vendredi les chiffres de leur nouvelle étude sur le préjudice financier subi par les hôpitaux depuis le début de la crise. Après la levée des restrictions et jusqu'à la fin juin, ils ne constatent globalement aucun effet de rattrapage dans les hôpitaux analysés "dans la mesure pronostiquée par les milieux politiques".
Entre le 17 mars 2020 et le 26 avril 2020, les nombres de cas des services d’urgence ont chuté de plus de 20%. "Les hôpitaux étant déjà bien occupés en temps normal, ils n’ont pu que partiellement rattraper les interventions qui n’avaient pas été fournies", soulignent les auteurs de l'étude.
Premier semestre difficile
Ainsi, la nouvelle estimation confirme, en révisant légèrement à la baisse, le préjudice financier pour les hôpitaux suisses. Les précédentes projections tablaient sur une perte oscillant entre 1,7 et 2,9 milliards. Selon SpitalBenchmark et PwC Suisse, les données actuelles confirment que le préjudice financier est principalement dû à l’interdiction par le Conseil fédéral des opérations et des traitements électifs.
Entre 67 et 84% du préjudice s'est produit durant le premier semestre. Cela représente des pertes de revenus entre 1,1 et 2 milliards. Les coûts de la mobilisation des capacités hospitalières atteignent eux quelque 600 millions de francs.
Deuxième phase prise en compte
Cette nouvelle évaluation, qui repose sur des données effectives, inclut pour la première fois la phase suivant la période d’interdiction des interventions et des traitements non urgents. Si les estimations faites au mois de mai se fondaient sur les données de 13 hôpitaux, les chiffres actuels se basent sur les informations de 93 hôpitaux et cliniques. Ils dispensent ensemble environ 60% des prestations hospitalières.
Lors de la rencontre lundi prochain entre le conseiller fédéral Alain Berset et divers acteurs de la santé, "il faudra définir les modalités d'indemnisation des pertes", estime l'association des hôpitaux H+ vendredi dans un communiqué. L'offre de soins de santé en dépend.
"Tout le monde doit contribuer"
Interrogée dans l'émission Forum, la conseillère d'Etat vaudoise Rebecca Ruiz, en charge de la santé, a fait savoir que son canton avait d'ores et déjà débloqué 160 millions pour venir en aide aux hôpitaux.
"Cette somme ne couvrira toutefois pas l'entier des pertes pour les hôpitaux vaudois, mais seulement le volet stationnaire (les hospitalisations) auxquels les cantons contribuent, selon la loi", précise la ministre. Pour le volet ambulatoire, financé par les primes maladie, des discussions vont être menées entre le canton, H+ et les assureurs, sous la houlette de la Confédération, indique-t-elle. "Tout le monde doit contribuer, aussi la Confédération, et les assureurs", fait-elle encore valoir.
ats/kkub