Modifié

Les hôpitaux vigilants face à la grippe et une seconde vague de Covid

Comment les hôpitaux se préparent-ils à affronter les défis de l'automne et de l'hiver? (vidéo)
Comment les hôpitaux se préparent-ils à affronter les défis de l'automne et de l'hiver? (vidéo) / La Matinale / 4 min. / le 31 août 2020
Avec l'arrivée de l'automne, les hôpitaux se préparent à faire face à une deuxième vague de coronavirus, mais aussi aux effets de la grippe saisonnière. Le mot d'ordre: maintenir au maximum l'activité normale des établissements et la prise en charge des autres pathologies.

Face aux défis à affronter cet hiver, les hôpitaux romands se disent vigilants mais pas encore inquiets. Les hospitalisations liées au Covid-19 sont en effet faibles en ce moment: 11 patients au CHUV, 3 à l'Hôpital cantonal fribourgeois, 8 en Valais et 18 aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

On est ainsi loin de la situation de ce printemps au pic de la crise, où il y a eu jusqu'à 428 personnes hospitalisées simultanément aux HUG.

>> Lire aussi : Les cas de Covid-19 augmentent, mais pas les hospitalisations: pourquoi?

Mais les hôpitaux ont tous un plan qui leur permet de monter en puissance si le nombre de patients repart à la hausse. Certains établissements se sont déjà dotés de lits supplémentaires en soins intensifs et en soins aigus. C'est le cas de l'hôpital de Fribourg et des HUG, notamment. Ces derniers ont créé 68 lits pour les cas Covid-19, afin de pouvoir maintenir l'ensemble des activités de l'hôpital en cas de nouvelle vague, ce qui n'avait pas été possible au printemps.

"Rester ouvert à l'ensemble des pathologies"

"On a dû annuler près de 700 opérations chirurgicales", indique Bertrand Levrat, directeur général des HUG. "On veut dorénavant pouvoir rester ouverts à l'ensemble des pathologies, à l'ensemble des patients. Pour les patients d'abord, et pour leurs proches, et ensuite pour les professionnels. Il s'agit de pouvoir continuer à les laisser faire leur métier. Si on anticipe, on arrivera à ajuster les objectifs et ainsi éviter aussi la perte de pratiques hospitalières en plus de la perte pour les patients."

Mais qui dit nouveaux lits dit aussi du personnel supplémentaire. Les HUG visent l'engagement de 380 soignants, mais doivent faire face à une pénurie.

"Il est difficile de recruter actuellement", confirme Bertrand Levrat. "D'ici cet automne, nous allons recruter près de 80 nouveaux diplômés de la HES, donc tous les diplômés viennent avec un emploi chez nous. Nous avons également fait une campagne pour voir dans quelle mesure on pouvait recruter des personnes nouvelles. Il ne s'agit pas non plus de prétériter des hôpitaux de Haute-Savoie ou des cliniques privées en recrutant leur personnel. Si on n'y arrive pas, il faudra adapter les équipes dans d'autres services pour faire face aux besoins du Covid", affirme le responsable.

Contamination croisée

Grosse inconnue de cet automne, la grippe saisonnière pourrait venir s'ajouter à une augmentation potentielle des hospitalisations Covid-19. La grippe provoquant chaque année son lot d'hospitalisations, le défi sera d'éviter que les malades du Covid n'attrapent la grippe à l'hôpital et inversement.

"Un grand nombre de patients à risque ou fragiles doivent être hospitalisés quand ils font une grippe", souligne Eric Bonvin, directeur de l'Hôpital du Valais. "Et là, on va devoir gérer des espaces distants pour ceux qui sont atteints par la grippe, ceux qui sont atteints par le Covid et tous les autres, ce qui demandera la mise en place d'une organisation particulière." L'Hôpital du Valais pourra mobiliser jusqu'à 35 lits aux soins intensifs en cas de phase aiguë.

"Le problème avec le Covid, c'est que les patients qui sont aux soins intensifs y restent longtemps par rapport aux autres. On risque donc d'arriver à saturation des soins intensifs assez rapidement", pointe Eric Bonvin. Au plus fort de la première vague, le 4 avril, les soins intensifs valaisans ont soigné jusqu'à 28 patients Covid simultanément.

"Maintenir la normale au maximum"

Le CHUV, qui n'enregistre en ce moment que 90% des hospitalisations qu'il fait habituellement, dispose donc d'une petite marge pour accueillir des patients Covid, informe son directeur général Philippe Eckert, invité de La Matinale lundi. "Mais si le nombre de patients augmentent, nous serons obligés de rouvrir des espaces, certes déjà organisés à cette fin", indique-t-il.

Le but est, selon le responsable, de maintenir au maximum une activité normale au CHUV. "Mais si le nombre de patients Covid est trop important, on devra réorganiser pour redistribuer nos collaborateurs afin que les patients Covid soient pris en charge."

Côté prévention, le directeur insiste sur l'importance du respect des mesures de protection - port du masque, gestes barrières, distance sanitaire - au sein de la population. "L'augmentation du nombre de cas va dépendre de comment on applique les mesures de protection. Ce sont elles qui vont décider d'un nouveau pic de pandémie."

Côté professionnels de la santé, "les collaborateurs ne se sont pas encore tout à fait remis de la situation de ce printemps", souligne encore Philippe Eckert. "Ce qu'on a appris depuis, c'est qu'on peut ouvrir des secteurs de manière plus progressive. On ne devra probablement plus supprimer les vacances à tous les collaborateurs, on pourra le faire de façon plus sectorielle."

>> L'interview de Philippe Eckert dans La Matinale :

Philippe Eckert fait le point sur la situation sanitaire en Suisse avant l'automne (vidéo)
Philippe Eckert fait le point sur la situation sanitaire en Suisse avant l'automne (vidéo) / La Matinale / 7 min. / le 31 août 2020

Céline Fontannaz/kkub

Publié Modifié