Une enquête de la télévision alémanique révèle que nombre de masques commercialisés en Suisse ne seraient pas conformes aux normes de qualité. En cause l'importation dans l'urgence au printemps dernier de millions de masques dotés de certifications mensongères. Il s'agit de masques estampillés Type 2 avec la mention CE, censée indiquer qu'ils sont conformes aux standards de qualité européens.
C'est notamment le cas pour 18 millions de masques achetés en avril par l'armée suisse. Le département de la Défense en avait commandé en urgence pour alimenter le commerce de détail. Leur certification en tant que produit médical selon les normes européennes, bien qu'elle figure sur l'emballage, est donc erronée.
Certaines de ces boîtes de masques affichent par exemple aussi en petits caractères un standard chinois, qui se réfère à la pollution de l'air. Ces masques protègent donc du smog, mais rien ne dit qu'ils filtrent aussi les bactéries, et encore moins les virus. S'ils ne le font pas, ils nous plongent dans un faux sentiment de sécurité.
L'armée se justifie
Le responsable des achats de l'armée reconnaît qu'ils ont été déclarés "masques médicaux" par erreur. Mais il affirme qu'ils remplissent les critères de protection requis. Or ces critères sont flous, selon la secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs (FRC), Sophie Michaud-Gigon, qui estime qu'il manque actuellement en Suisse une autorité de contrôle en la matière.
La FRC s'est adressée cet été à Swissmedic et au SECO (Secrétariat d'Etat à l'économie) et constate que, pour l'instant, il n'y a pas d'organe qui sorte du lot et qui se prononce clairement sur les seuils à respecter et les contrôles.
La question que se pose la FRC est de savoir qui contrôle quoi aujourd'hui. Et quand cette lacune sera-t-elle comblée. Il faut pouvoir dire quels standards de qualité sont fixés et comment ils sont contrôlés. Et tout ce qui ne remplit pas ces critères doit être retiré du marché.
La plupart des masques commandés par l'armée ont aujourd'hui été écoulés, mais d'autres produits toujours sur le marché suscitent la confusion.
Sujets radio et TV: Alain Arnaud et Séverine Ambrus
Adaptation web: Didier Duployer