Ultime étape pour le tunnel du Ceneri, qui va changer le visage du Tessin

Le Monte Ceneri est un modeste sommet de 556 mètres qui sépare le canton en deux, entre Sopra et Sottoceneri, et qui symbolise toute sorte de rivalités politiques, sportives et économiques.

Le tunnel ferroviaire qui passe en dessous mesure 15,4 km de longueur et relie le sud de Bellinzone au nord de Lugano. Il vient couronner les 28 ans de travaux de la nouvelle ligne ferroviaire à travers les Alpes (NLFA).

A la veille de l'inauguration du tunnel, la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga rencontre jeudi des délégations d'Allemagne, d'Autriche, d'Italie et de l'Union européenne à Locarno pour évoquer notamment le transport des marchandises.

Villes connectées

Le nouveau tunnel entraînera de gros changements pour les Tessinois. Le Ceneri sera relié à un RER qui permettra de rattraper une quinzaine d’années de retard en matière de mobilité.

"Locarno, Bellinzone et Lugano, qui sont, avec Mendrisio et Chiasso, des villes importantes au Tessin, sont désormais bien plus proches. Au Tessin, nous avons un problème de trafic. Le trafic routier étouffe le canton. Avec les nouvelles liaisons ferroviaires régionales, la situation et aussi la qualité de vie des travailleurs pendulaires et des étudiants va s’améliorer", se réjouit Laura Sadis, membre du conseil d'administration d'AlpTransit Gotthard, qui a construit la NLFA, jeudi dans La Matinale.

>> Voir aussi le récit du 19h30 sur l'épopée nationale des tunnels à travers les Alpes :

Changer de politique

L'enjeu pour le Tessin: devenir une ville-canton, ou la "Città-Ticino". Un projet colossal, pour lequel le canton a investi plus de 460 millions de francs. Il faudra néanmoins davantage que des transports publics performants pour atteindre l'objectif voulu.

"Il faut une politique de l'aménagement du territoire conséquente. Le défi de la Città-Ticino, c’est de reconvertir ces étalements qui se sont développés entre les pôles de façon très désordonnée lors de l'après-guerre dans une structure urbaine avec des qualités. Il faut déjà commencer maintenant, là où c’est possible, par exemple en transformant les rues conçues uniquement pour les voitures en grands boulevards avec des trottoirs et des espaces verts, installer des espaces publics", analyse l'expert en aménagement du territoire Fabio Giacomazzi.

La question du tourisme

Les nombreux Suisses qui ont passé leurs vacances au sud des Alpes ont apprécié les paysages bucoliques. L’image d’une ville-canton pourra-t-elle encore attirer les touristes?

"C’est un terme qu’on utilise plutôt dans la communication institutionnelle, pour expliquer ce changement en matière de transport public. Dans le marketing, ça sera différent. Il sera plus facile par exemple pour un touriste basé à Lugano de rejoindre les vallées de Locarno dans la journée. Tout sera plus à portée de main", explique Cecilia Brenni, chargée de marketing chez Ticino Turismo.

L'étiquette "Città-Ticino" prête donc à confusion, même si on est encore loin d’un canton-métropole.

>> Ecouter aussi le reportage à 200 km/h dans le tunnel du Ceneri, dans l'émission CQFD :

Ti-Press Alessandro Crinari

Nicole Della Pietra/gma avec ats