"La décision a été prise lors d'une assemblée générale qui s'est
tenue le 28 septembre", ont expliqué lundi devant la presse des
délégués genevois d'Unia, du SIT et de Syna. D'autres grèves sont
prévues dès le 1er novembre prochain à Zurich et Berne. Des
débrayages ont aussi déjà eu lieu lundi: à Kreuzlingen (TG), une
soixantaine d'ouvriers ont observé une "pause de protestation".
Foulard de deuil
Les syndicats genevois espèrent une mobilisation de l'ensemble
des quelque 5000 travailleurs de la construction le 15 octobre
prochain. L'objectif est d'arrêter le travail sur les quelque 50 à
60 chantiers principaux du canton qui occupent 80% des ouvriers du
secteur.
Les ouvriers sont en outre invités à porter symboliquement un
foulard noir sur les chantiers en signe de deuil de la CCT et cela
jusqu'à ce que les
patrons reviennent sur leur décision.
Un symbole
Cette annonce a été faite sur un chantier de construction de
logements, près de la Place des Nations, investi à l'heure de la
pause des ouvriers. Les syndicats veulent "marquer symboliquement
ce premier jour de vide conventionnel qui est aussi le premier jour
où les risques augmentent", a ajouté Jacques Robert, d'Unia. Les
syndicats craignent "pour les salaires, les horaires et la sécurité
des ouvriers".
Depuis lundi, les salaires minimaux et les suppléments actuels, le
13e salaire, le droit aux vacances, la réglementation sur les
horaires de travail ainsi que la protection contre le licenciement
en cas de maladie ou d'accident cesseront d'être garantis. Des
négociations entre la Société suisse des entrepreneurs et les
syndicats sont agendées le 4 octobre prochain.
La SSE regrette
Cette grève donne la préférence, selon la Société suisse des
entrepreneurs, à "une attitude négative et provocatrice" plutôt
qu'au dialogue. "Chacun a voulu montrer une position ferme mais le
dialogue devra reprendre", a indiqué Didier Favre, président de la
section de Genève de la SSE. "J'ai l'espoir que la réunion du 4
octobre permette au moins de fixer une échéance future pour combler
le vide conventionnel."
Considérant que "tout le monde est aujourd'hui au pied du mur", le
président genevois de la SSE regrette le choix d'une grève, "ce qui
ne va pas dans le sens de la réconciliation".
agences/boi
Négociations au point mort
La Convention nationale, qui concerne 80'000 travailleurs, avait été résiliée au 30 septembre par la Société suisse des entrepreneurs en mai 2007.
Les négociations sur le renouvellement de la CCT étaient au point mort.
Les parties s'opposent sur la question des salaires et sur la flexibilité du temps de travail notamment.
Le week-end dernier, 15'000 ouvriers ont manifesté à Zurich pour réclamer une convention.
Avis de décès dans la presse du Jura
Le syndicat Unia Transjurane a fait paraître dans la presse régionale l'"avis mortuaire" de la convention collective de travail dans la construction. "L'enterrement a eu lieu en présence de 17'000 travailleurs le 22 septembre à Zurich", peut-on lire.
L'avis de décès ironique paru lundi ne mâche pas ses mots: "la défunte a été assassinée par la Société suisse des entrepreneurs, parce que les acquis sociaux et salariaux obtenus par la lutte syndicale sont un luxe pour la pensée patronale".
"Ni fleurs, ni couronnes ! Mais banderoles et mégaphones !". "Nous voulons rendre les pouvoirs publics conscients des risques de dumping salarial", a expliqué à l'ATS Jean-Claude Probst, d'Unia Transjurane.
Des cas de sous-enchère salariale ne sont pas exclus lors de l'attribution de travaux dans le cadre des chantiers de l'autoroute Transjurane, estime le syndicaliste.