Pour chaque bête tuée lors d’une attaque, l’exploitant agricole a droit à une indemnisation, financée à 80% par la Confédération, le reste par le canton. La somme varie notamment en fonction de l’âge et du poids de l’animal. En moyenne, sur les cinq dernières années, 170'000 francs ont ainsi été versés aux éleveurs.
Le loup, comme les autres grands prédateurs, fait l’objet d’un dispositif de surveillance et de gestion. L’Office fédéral de l’environnement y consacre annuellement 840'000 francs. Les cantons mettent aussi la main au porte-monnaie: c’est le travail qu’effectuent sur le terrain les services de la chasse et de la faune. TTC l’estime, sur la base des chiffres du Valais et des Grisons, à environ 1 million de francs par an.
Programme de protection et paiements directs
La Confédération encourage les éleveurs à protéger leurs troupeaux. Elle a développé dans ce but un programme national, financé à hauteur d’environ 3 millions de francs par an. Il inclut notamment le soutien à l’élevage, la formation et l’entretien des chiens de protection, ainsi que l’installation de clôtures. Là aussi, les cantons participent à l’effort, à travers le travail des préposés à la protection des troupeaux, une charge estimée à environ 1,2 million de francs par an, pour l’ensemble du pays.
Comme souvent dans l’agriculture, des paiements directs viennent s’ajouter à la facture. La législation fédérale prévoit une contribution d’estivage, qui incite les éleveurs à faire garder leurs moutons par un berger et qui, depuis 2014, prévoit explicitement des mesures de protection des troupeaux. TTC estime que ce dispositif, lié à la présence du loup, correspond à environ à 430'000 francs de subventions par an.
Enfin, il reste des frais auxquels les éleveurs eux-mêmes doivent faire face, pour l’adaptation de leur exploitation à la présence des grands prédateurs. Une étude effectuée sur un échantillon de 13 alpages des cantons du Valais et d’Uri arrive à la conclusion que cette charge représente, à l’échelle de tout le pays, environ 3,8 millions de francs.
Utilité des grands prédateurs
On aboutit ainsi à une facture totale d’environ 10 millions de francs par an. Trop cher? A titre comparatif, la Confédération encourage l’élevage ovin à hauteur de 21 millions de francs par an.
Les milieux de défense de l’environnement soulignent de leur côté l’utilité des grands prédateurs. Le loup et le lynx permettent en effet de réguler les populations de cerfs et de chevreuils, qui dévorent les jeunes pousses d’arbres, affaiblissant ainsi les forêts, alors que celles-ci, notamment dans une bonne partie des Alpes, ont une fonction protectrice importante pour les infrastructures humaines.
Pierre Gobet/boi