Par 100 voix contre 72, le National a soutenu jeudi
l'interdiction de principe votée par le Conseil des Etats. Les
armes en revanche resteront à domicile.
Deux exceptions à l'interdiction des munitions à la maison sont
prévues dans la motion de la Chambre des cantons. Les troupes de
première intervention (quelque 2000 personnes) ne seront pas
concernées et le Conseil fédéral pourra revoir la donne en fonction
de la situation en matière de sécurité. Selon la précision apportée
par la commission du National, le gouvernement devrait faire le
point au moins une fois par législature.
Arguments pas convaincants
Le texte a été soutenu par le camp rose-vert et une partie des
radicaux et des démocrates-chrétiens soucieux de diminuer les
risques engendrés par les armes. Ils ont fait fi des arguments
d'Ulrich Schlüer (UDC/ZH), pour qui l'arme et les munitions sont
indissociables.
La remise de munition est en outre un signe de confiance à l'égard
des militaires et elle permet aux hommes d'être immédiatement
disponibles en cas d'urgence, a-t-il dit. «On cède à la pression
des pétitions, à la pression de la rue», a renchéri Roland Borer
(UDC/SO).
Armes à la maison
Par 97 voix contre 76, le National a en revanche décidé de ne
pas donner suite à une initiative parlementaire socialiste
demandant qu'en sus des munitions, les fusils d'assaut et autres
pistolets d'ordonnance ne puissent plus être conservés à la maison.
Les Chambres ont à plusieurs reprises refusé une telle
mesure.
La situation actuelle est à l'origine de 300 morts par année
causées par les armes d'ordonnance, a argumenté en vain Chantal
Galladé (PS/ZH), citant une étude du criminologue Martin Killias.
Il n'y aucune nécessité militaire de garder l'arme a domicile, a
ajouté Boris Banga (PS/SO), et ce n'est le cas dans aucune autre
armée. Quant aux tirs obligatoires, ils pourront être effectués
lors des cours de répétition, selon lui.
«Quand c'est un Kosovar qui commet un crime avec une arme, on
parle de culture. Quand c'est un jeune tireur ou un officier, on
parle de dérapage individuel», a fait observer pour sa part
Marianne Huguenin (POP/VD). La majorité bourgeoise l'a toutefois
emporté et les soldats pourront donc conserver leur arme
d'ordonnance à domicile. La droite a tenu à conserver cette
tradition, ancrée depuis 1874.
ats/bri/hof
Quatre pétitions
Dans la foulée, le National a pris acte de quatre pétitions sur le sujet des armes, sans leur donner suite.
Il s'agit notamment de celle du magazine féminin «Annabelle», munie de 17'400 signatures, qui demande d'interdire les armes d'ordonnance à domicile et de créer un registre national des armes.
Une des pétitions émane d'un groupe en faveur d'un contrôle efficace des armes, et une autre, déposée lors de la session des jeunes 2006, exige l'interdiction des armes à feu dans les ménages privés.
La quatrième va dans le sens inverse: déposée par le journaliste Frank Leutenegger, elle défend le droit de posséder des armes.
Motion soutenue par Samuel Schmid
Le conseiller fédéral Samuel Schmid a soutenu la motion. Il estime qu'elle propose une solution raisonnable et adaptée à la situation actuelle.
Et ce n'est pas une étape vers la fin de l'arme d'ordonnance liée au système de milice, a-t-il ajouté pour rassurer ceux auraient cette crainte, notamment des représentants de l'UDC.