Au cours des premiers échanges, le prévenu a contesté les faits formulés dans l'acte d'accusation: "Tous ces éléments sont faux et n'ont rien à voir avec la réalité". Se référant aux nombreuses notes manuscrites disposées sur sa table, il a répondu de manière évasive et vague aux questions du président Martin Stupf, notamment sur sa position à l'égard du groupe Daech.
Il a qualifié de "fables" les extraits d'appels téléphoniques et de chats évoquant un soutien à l'EI, une mort en martyr ou les encouragements à son épouse Fatima de commettre un attentat-suicide. Selon lui, il s'agissait de plaisanteries à ne pas prendre au sérieux. L'accusé a ri lors de la diffusion de certains enregistrements, prétendant ne pas se comprendre lui-même.
Interdit d'entrée en Suisse pour 20 ans
Cet Irakien de 52 ans s'est décrit comme un musulman croyant d'obédience sunnite. Il a réfuté les déclarations de son ancienne épouse selon laquelle il se serait radicalisé, expliquant qu'il ne comprenait pas, autrefois, le sens de sa religion.
L'audience a permis d'apprendre que l'homme avait fait l'objet d'une interdiction d'entrée en Suisse pour 20 ans en 2020. Il a fait recours contre cette mesure. Avant son arrestation en 2017, il était employé dans un service social en Thurgovie.
"C'était un instigateur"
Le Ministère public de la Confédération l'accuse d'incitation à commettre un attentat-suicide, de financement répété de l'EI pour un total de 17'000 francs, de recrutement et de passage de nombreuses personnes vers les zones de combat. L'accusation retient aussi qu'il a reçu et accepté des instructions d'un cadre de l'organisation en vue de la préparation d'attentats terroristes en Suisse.
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Mardi après-midi, le médecin-chef de l'hôpital universitaire psychiatrique de Zurich a été interrogé en tant que témoin expert. Il avait rédigé un rapport psychiatrique sur l'accusé, estimant qu'il souffrait d'un "trouble de la personnalité dissociative" avec un risque modéré de violence extrémiste. Selon lui, l'homme était piégé dans son propre monde. "C'était un instigateur, mais pas agressif lui-même", a déclaré l'expert.
Peur d'être extradé
L'accusé a expliqué qu'il souhaitait quitter la Suisse s'il était acquitté. Lorsque le président lui a demandé ce qu'il risquait s'il était condamné et extradé vers l'Irak, il a répondu: "Ce serait ma condamnation à mort".
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L'audience principale se poursuit mercredi avec les plaidoiries des parties. Aucune date n'a encore été fixée pour la lecture du jugement.
ats/vic