Fête des Vendanges à Neuchâtel, Saint-Nicolas à Fribourg, course de l'Escalade à Genève, Brandons de Payerne ou St-Martin dans le Jura: la liste des événements qui n'auront pas lieu dans les mois à venir est loin d'être exhaustive.
Décider rapidement
Pour les organisateurs, accueillir jusqu'à 30'000 visiteurs était une tâche était trop compliquée à gérer en raison de l'impossibilité de conserver les distances entre chaque participant ou encore garantir la traçabilité. Le risque était trop grand et il était impensable de maintenir la fête dans ces conditions.
Le comité d'organisation de la Saint-Nicolas, à Fribourg, a ainsi estimé qu'il fallait mieux annuler rapidement pour éviter de créer une attente du public, puis une déception. A posteriori, les organisateurs de l'événement fribourgeois ont l'impression que le public comprend la décision, "même si l'on sent une forme de résignation", a déclaré l'un d'eux à la RTS.
Décision "inéluctable"
L'édition 2020 de la St-Martin aura elle aussi une saveur particulière cette année: le traditionnel marché artisanal à Porrentruy, la fête à Chevenez (JU) et toutes les marches gourmandes en Ajoie sont annulés.
La décision, attendue, vient allonger la liste des événements ayant passé à la trappe cet automne. Aux yeux des présidentes des comités du Marché de la St-Martin de Chevenez et de Porrentruy, qui se sont exprimées vendredi dans la cité des princes-évêques, elle était inéluctable.
D'autres y croient encore
Si passablement d'événements sont passés à la trappe, d'autres y croient encore. C'est le cas, par exemple, du carnaval de Bâle, des marchés de Noël de Zurich, Lausanne et de Montreux, l'un des plus grands de Suisse. Tous sont en pourparlers avec les autorités et les médecins cantonaux.
Derrière cette volonté de maintenir le cap envers et contre tout se cachent des aspects économiques. Yves Cornaro, le directeur de Montreux Noël, parle même de "marché de la survie" pour ses 150 exposants déjà fortement impactés par la crise.
A Lausanne, le Bô Noël souhaite aussi maintenir le lien social. Les organisateurs soulignent que les citoyens en ont besoin psychologiquement.
Des mesures chères
Maintenir un événement a toutefois un prix, car les concepts de protection sanitaire sont coûteux et les visiteurs devraient être moins nombreux. Le risque financier doit être mis dans la balance.
A Genève, par exemple, la compagnie 1602 - qui organise le grand cortège de l'Escalade - fera une pesée des intérêts avant de se déterminer d'ici la fin du mois de septembre.
Virginie Gerhard/jfe
"Ces fêtes sont un moyen d'inclusion"
Interrogé jeudi dans La Matinale à propos des annulations des grands événements, le sociologue de l'Université de Genève Sandro Cattacin explique leur importance croissante dans la société actuelle, notamment en termes d'inclusion.
"Durant ces moments festifs, les gens vivent des émotions très fortes, ils voient des choses qu'ils aiment, ils rencontrent des gens qu'ils connaissent. Ça donne l’impression qu'on fait partie d’une communauté. Ces fêtes sont importantes quand il y a une société qui se transforme tout le temps. Ça calme et ça donne un sentiment d’appartenance", explique-t-il.
Toutes ces annulations de grands événements rassembleurs représentent toutefois un léger risque, selon Sandro Cattacin: "Si ces fêtes ne sont pas là une année, ce n'est pas destructif. Mais on constate un morcellement, car on est dans le quartier, le voisinage, et on perd un peu de vue qu'on appartient à une communauté plus large".