Quelque 810'000 passagers ont emprunté les CFF durant le premier semestre 2020, contre près de 1,2 million l'an dernier à la même période. Ceci représente une perte de 479 millions de francs. Alors qu'à la même période l'année d'avant, ils enregistraient un bénéfice de 279 millions de francs.
L'entreprise ferroviaire, qui a présenté son bilan semestriel à Berne jeudi, subit de plein fouet les effets de la crise sanitaire. Il faut dire que ses recettes ont fortement diminué (-11,5%), alors que les coûts n'ont été que "légèrement amortis" en raison du maintien d'un service minimum pendant le confinement. Le domaine le plus touché est le transport des voyageurs. Mais pas seulement: le transport de marchandises, l'infrastructure et les revenus immobiliers ont aussi diminué.
On peut parler de semestre catastrophe
"On peut parler de semestre catastrophe, comme dans beaucoup d'entreprises", a confié le directeur des CFF Vincent Ducrot dans l'émission Forum de la RTS jeudi. Il entrevoit l'avenir avec une certaine inquiétude: "Une partie des gens qui font du télétravail vont certainement retourner dans les bureaux. Mais une part restera travailler à la maison. On analyse continuellement la situation et on adaptera et l'offre et la politique tarifaire. Mais pas maintenant au milieu de la crise. Ce serait complètement erroné", a-t-il avancé.
Aide au trafic régional acceptée
Ce jeudi, le Parlement s'est prononcé favorablement sur une aide au trafic régional. Suivant le Conseil des Etats, le National a en effet approuvé une enveloppe de 700 millions et étendu l'aide au trafic local, touristique et au ferroutage. Mais il a en revanche refusé d'instaurer la possibilité de verser des indemnités au trafic longue distance, comme le souhaitait la gauche.
Les CFF vont donc devoir économiser dans les mois et années à venir. Vincent Ducrot promet toutefois que les coupes ne se feront ni sur le dos des usagers, ni sur celui des employés. "On doit économiser dans notre appareil administratif, en faisant moins de publicité par exemple. On va continuer à investir, mais plus intelligemment", explique-t-il.
L'entreprise n'a d'ailleurs pas attendu avant de prendre des premières mesures d'économie. Depuis avril, les embauches dans les secteurs administratifs sont déjà gelées. Et les investissements dans les technologies de l'information, l'énergie et l'innovation seront réduits. Tandis que certains projets seront reportés.
Avenir incertain
Avec le soutien de la Confédération, la situation financière devrait s'améliorer au deuxième semestre selon les CFF. Mais ces derniers s'attendent à ce que l'épidémie change le comportement des voyageurs à moyen terme. Si le nombre de passagers est de nouveau en augmentation, seuls 70 à 80% des passagers sont pour l'heure de retour dans les trains.
Par ailleurs, les CFF regrettent les suppressions de train observées ces derniers temps. Une situation provenant d'un manque de mécaniciens, surtout dans les régions genevoise et argovienne, expliquent-ils. Un problème de planification qui a été aggravé par l'épidémie. A noter que les formations de nouveaux conducteurs prenant du temps, un retour à la normale n'est pas prévu avant le milieu de l'année prochaine.
Etienne Kocher/fgn