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La presse revient sur les heurts à Berne

Les débordements à Berne font la Une de la presse lundi [KEYSTONE - PETER KLAUNZER]
Les débordements à Berne font la Une de la presse lundi - [KEYSTONE - PETER KLAUNZER]
Les débordements qui ont eu lieu samedi à Berne ont servi l'UDC. Mais gagnante ne veut pas dire innocente, estime la presse romande lundi. Du côté des perdants se trouve la Suisse qui donne l'image d'un pays divisé.

"Qui sème le vent, récolte des voix...", constate
l'éditorialiste de 24 heures qui pointe du doigt la responsabilité
politique de l'UDC dans les casses de samedi, par ailleurs
condamnées sans réserve.

Xénophobie dénoncée

Pour La Liberté , "les voix s'acquièrent
donc, aujourd'hui, au prix de policiers blessés, de vitrines
fracassées et de voitures détruites par des crapules". "Le
pompier-pyromane triomphe", notent aussi L'Express et L'Impartial , rejoints par
Le Matin qui voit "l'UDC jouer aux
allumettes avec la xénophobie".



Selon les journaux neuchâtelois, les deux conseillers fédéraux
UDC, en charge de la sécurité, savaient très bien que la
manifestation de leur parti allait dégénérer. Pour leur profit,
puisqu'une "majorité des électeurs donnent toujours leur préférence
à ceux qui assurent l'ordre".

L'émeute est dans la
rue et devant le Palais du Parlement, la police absente et
ridicule, la sécurité incapable de parer à l'arrivée d'émeutiers
annoncés depuis des semaines et les braves gens, comme toujours et
comme partout, pris en otage.

Le
Temps

Dommages collatéraux

Le Temps et la Tribune de Genève s'inquiètent tout
particulièrement de l'image que la Suisse donne actuellement à
l'étranger. "L'émeute est dans la rue et devant le Palais du
Parlement, la police absente et ridicule (...) et les braves gens,
comme toujours et comme partout, pris en otage", dénonce Le
Temps.



"Montres, montagnes, chocolat et xénophobie", c'est ainsi que la
Tribune de Genève visualise la nouvelle carte postale de la Suisse.
Le quotidien genevois accuse l'UDC de ne pas hésiter à "fracturer
le pays". Et les dégâts pourront aussi être grands pour la place
financière, avertit la presse romande.



A moins d'un an de l'Euro 08, les commentateurs sont aussi
nombreux à s'inquiéter de la sécurité de la manifestation sportive.
"Quelles garanties le Conseil fédéral et son ministre de la police
peuvent-ils donner que la fête du foot ne tournera pas à une
succession d'échauffourées qui feront le tour du monde télévisé?",
demande La Liberté .

Police critiquée outre-Sarine

Outre-Sarine, la sécurité de l'Euro 08 et l'incompétence de la
police bernoise sont en première ligne des commentaires. "La police
et la ville de Berne sont tombées dans le panneau d'une horde de
casseurs", écrit la Berner Zeitung , très virulente. Pour la Neue Zürcher Zeitung , le directeur de la police
bernoise frise l'humour noir lorsqu'il dit qu'il a atteint son
objectif principal. D'une manière générale, les commentateurs
alémaniques sont désagréablement surpris de voir que les forces de
l'ordre de la capitale sont impuissantes à empêcher des casseurs
d'accéder à la place fédérale.



Soucieux de la sécurité pour l'Euro 08, le St-Galler Tagblatt propose de
déplacer les matches prévus à Berne en Suisse orientale. "Car si
les hooligans débarquent, la situation sera nettement plus
dangereuse qu'avec le bloc noir", estime-t-il. Le conseiller de
ville écologiste bernois Daniele Jenni, organisateur de la
contre-manifestation à l'UDC, reçoit aussi des commentaires
acerbes. "Colombe de la paix hypocrite", "pyromane idéaliste", les
qualificatifs négatifs n'ont pas manqué.



ats/hof/boi

DES CRITIQUES A L'ETRANGER



Avant les troubles de samedi, les journaux étrangers
s'intéressaient déjà aux élections fédérales en raison des affiches
de l'UDC et de son initiative pour expulser les délinquants
étrangers.

Début septembre, le journal anglais
The Independent se demandait si la Suisse n'était pas devenue "le
coeur des ténèbres en Europe" en abritant un extrémisme
dangereux.

L'exemple Le Pen

Lundi, le New York Times revenait à son tour de manière
détaillée sur la campagne de l'UDC. Ce parti suit le principe "Nous
contre les étrangers" de manière bien plus figée que par exemple
Jean-Marie Le Pen, écrit le journal américain.

Ce week-end, la première chaîne allemande ARD et Euronews ont
fait, dans leurs journaux télévisés, la part belle aux heurts de
samedi et à la polarisation de la campagne.

Présence Suisse inquiète

De tels articles sont publiés dans le monde entier, note
Johannes Matyassy, responsable de Présence Suisse, interrogé par
ats. La Suisse y est à chaque fois représentée comme un pays
hostile aux étrangers et raciste. Souvent les titres sont acerbes,
le contenu toutefois plus modéré.

Les compte-rendus les plus négatifs proviennent d'Espagne, où
quelques journaux ont déjà traité le sujet à plusieurs
reprises,



explique Johannes Matyassy. En tant qu'organe de relations
publiques de la Confédération pour l'étranger, Présence Suisse suit
de près l'évolution.



Présence Suisse estime que l'image de la Suisse n'en pâtira
réellement que si les critiques se répètent longtemps. Jusqu'à
présent, ce n'est le cas qu'en Espagne.

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Calmy-Rey s'inquiète

Micheline Calmy-Rey se fait "beaucoup de soucis pour l'image que donne la Suisse à l'étranger".

La présidente de la Confédération s'exprimait après les échauffourées qui ont entouré la manifestation de l'UDC samedi à Berne et toute une série d'actes de violence.

La Suisse est incapable de tenir son image, basée sur le dialogue, sur son rôle de bâtisseurs de ponts. Avec la violence qui se multiplie, on donne exactement l'impression contraire, a dit Micheline Calmy-Rey lundi matin sur les ondes de la Radio Suisse romande.

"Nos ambassadeurs sont interrogés à ce propos et nous demandent ce qu'ils doivent répondre", a-t-elle ajouté. La ministre des Affaires étrangères craint pour le bien-être de la Suisse, sachant qu'un franc sur deux est gagné à l'étranger.

Elle craint aussi pour la sécurité du pays, notamment lors du prochain Eurofoot en 2008. Car les violences tendent à se répéter, constate-t-elle en citant le G8, le Grütli ou des matches de football.

Micheline Calmy-Rey condamne tous ceux qui veulent transformer des rassemblements, quels qu'ils soient, en batailles rangées. Il s'agit d'extrémistes de gauche et de droite, ce qui n'est pas admissible.

Et la présidente de la Confédération d'en appeler à la raison politique. Selon elle en effet, ces violences matérielles et physiques sont alimentées par une violence verbale qui joue en particulier sur la peur des gens.

Il faut cesser avec ces provocations verbales qui ne sont pas sans conséquences, a déclaré la conseillère fédérale.

Concernant la présente campagne électorale qu'elle juge dure, le Conseil fédéral fait tout ce qui est en son pouvoir pour calmer le jeu.

Mais il n'est pas dans la rue au moment des manifestations. Là, c'est l'affaire de la police et des services de sécurité, selon elle. "Ce n'est pas à moi de dire concrètement ce qu'il faut faire, s'il faut ou pas interdire le port de cagoules par exemple".