Il ne faut pas oublier que "cette année encore, des dizaines de milliards de francs de dividendes sont versés et tout indique que ce sera encore le cas l'an prochain", a martelé le président de l'Union syndicale suisse (USS) Pierre-Yves Maillard devant les médias lundi à Berne. La crise ne peut pas servir d'argument partout et pour tout le monde.
Lorsque la marche des affaires est bonne, il faut améliorer la situation des travailleurs, estime l'USS, pour qui des hausses substantielles des revenus sont possibles en 2020 et 2021 dans certains secteurs. Le groupement de syndicats rappelle qu'au cours des dernières années, les salaires réels ont stagné malgré l'essor économique. Ce n'est qu'en 2019 qu'ils ont à nouveau progressé (d'environ 0,5%), après deux mauvaises années. Une hausse "clairement insuffisante" au vu du développement favorable des affaires et d'une croissance de 5,9% du PIB de 2017 à 2019.
Pour les fédérations de l'USS, le 13e salaire devrait aussi être payé entièrement même si l'entreprise a été en chômage partiel durant l'année. Enfin, là où le chômage partiel a encore cours, la faîtière syndicale demande aux employeurs de verser 100% du salaire pour les rémunérations les plus basses, comme le font déjà plusieurs entreprises.
"Beaucoup de branches fonctionnent bien"
"On a une fausse image de ce qui se passe dans l'économie", a réagi Véronique Polito, membre du comité directeur du syndicat Unia, dans le journal de 12h30 lundi. "Certaines branchent souffrent, notamment l'hôtellerie-restauration et une partie de l'industrie d'exportation. Mais il y a beaucoup de branches qui fonctionnent bien", analyse la syndicaliste, qui cite la construction, l'artisanat, la logistique, l'industrie et le commerce de détail alimentaires, le commerce en ligne ou encore la pharma.
"Il faut savoir que cette année, des dividendes ont été distribués en masse par certaines entreprises, notamment dans l'industrie. Nestlé a donné plus de 50% de ses revenus aux actionnaires. C'est une entreprise qui a tout à fait le potentiel de rémunérer ses employés", estime Véronique Polito.
"Il faut que les gens puissent consommer"
Pour elle, c'est le moment ou jamais d'augmenter les salaires. "Il faut vraiment que les branches qui ont bien fonctionné fassent un geste pour renforcer le pouvoir d'achat, relancer l'économie interne. Il faut que les gens puissent consommer dans les hôtels, dans les restaurants en Suisse."
Cent francs par mois pour relancer l'économie, est-ce toutefois suffisant? "On vient avec que qu'on estime réaliste actuellement. Bien sûr que ça ne suffira pas", convient Véronique Polito. "Il faut d'autres mesures, notamment des soutiens aux secteurs en difficulté et aux bas salaires qui touchent le chômage partiel".
ats/Vincent Cherpillod
Deux manifestations dans les semaines à venir
Le Syndicat des services publics (SSP) annonce une action de protestation sur la Place fédérale à Berne le 31 octobre prochain. Le personnel de l'accueil extrafamilial des enfants, qui doit lui aussi absolument voir son salaire augmenter et ses conditions de travail s'améliorer, descendra lui le 26 septembre dans les rues de Zurich.
Quant à l'Association suisse des employés de banques, elle demande une augmentation salariale de 1,8% jusqu'à un montant de 148'000 francs, ainsi qu'une prime Covid-19 de 900 francs pour tous les employés, autant pour récompenser leurs efforts que pour soutenir le pouvoir d’achat et démontrer ainsi la solidarité du secteur avec ceux fortement touchés par les mesures de protection.