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La Suisse privilégie l'accueil de mineurs non accompagnés du camp de Moria

La Suisse envisage d'accueillir une vingtaine de mineurs du camp dévasté de Moria. [AP - Petros Giannakouris]
Après l'incendie du camp de Moria, dix pays européens se sont engagés à accueillir des mineurs, mais pas d'adultes / La Matinale / 1 min. / le 15 septembre 2020
Après l'incendie qui a ravagé le camp de Moria, en Grèce, la réponse européenne se focalise sur les enfants. Dix pays, dont la Suisse, se sont engagés à accueillir au total 400 mineurs non accompagnés.

A ce stade, pas question de transférer des adultes sur le continent, alors que le camp comprenait près de 13'000 personnes, dont 70% de plus de 18 ans. A l'exception de l'Allemagne, qui a entamé une réflexion pour prendre des familles.

Cette solidarité sélective se justifie d'un point de vue humanitaire, mais pas seulement. Les enfants - qui se retrouvent sur sol européen sans leurs parents - sont évidemment les plus vulnérables. Mais tendre la main exclusivement à des mineurs répond aussi à une stratégie politique.

Les gouvernements n'ont guère besoin de se justifier en venant en aide à des enfants. Accueillir des adultes suscite, en revanche, beaucoup plus de doutes dans l'opinion publique, surtout en période de crise économique.

"Grande lâcheté politique"

Pour François Gemenne, spécialiste de la gouvernance des migrations à l'université de Liège, "il s'agit surtout d'éviter d'être accusé d'être complètement inhumain et de manquer à des obligations humanitaires élémentaires. Mais le problème, c'est que cet accueil des enfants sert souvent à cacher une grande lâcheté politique quant à l'accueil du reste de leur famille".

La Suisse doit accueillir une vingtaine de mineurs non accompagnés en provenance de Moria. Cette année, la Confédération a déjà ouvert ses portes à 52 autres jeunes venant de Grèce. Et Berne a débloqué en avril plus d'un million de francs, là encore pour des projets destinés avant tout aux enfants et adolescents.

La vulnérabilité, critère dominant

On constate que la tendance à privilégier les enfants se renforce. Dans La Matinale, Etienne Piguet, professeur de géographie des migrations à l'Université de Neuchâtel, a confirmé mardi ce constat: "On a eu des périodes où le critère d'accueil était essentiellement la provenance. Aujourd'hui, on a une diversification des provenances et c'est vrai que le critère devient: 'Qui a le plus besoin de protection?'".

Reste à savoir si les Etats savent vraiment ce qu'attend l'opinion publique. Selon François Gemenne, la réponse est "non". Car souvent, le tissu local, les villes, sont favorables à l'accueil de requérants sur leur territoire.

Cléa Favre/jpr

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800 migrants installés dans le nouveau camp à Lesbos

Quelque 800 migrants sur les milliers chassés par l'incendie du camp de Moria se sont installés dans le nouveau centre temporaire érigé à la hâte sur l'île de Lesbos, a fait savoir le ministère grec des Migrations. Et 21 ont été testés positifs au Covid

Dans la nuit du 8 au 9 septembre, le méga-camp de Moria, le plus grand d'Europe, ouvert il y a cinq ans au pic de la crise migratoire, a été entièrement détruit par les flammes, laissant sans abri ses 12'000 occupants qui y logeaient dans des conditions insalubres.

La plupart dorment sur le bitume, les trottoirs, dans les champs ou des bâtiments abandonnés. Ils refusent de se rendre dans le nouveau camp monté à quelques encâblures des ruines de Moria, craignant de ne plus pouvoir quitter l'île une fois à l'intérieur. (afp)