Le rejet de l'initiative "Pour une immigration modérée" s'est légèrement renforcé depuis la publication du premier sondage SSR il y a un mois. Désormais, ce sont 63% des personnes sondées qui s'opposent au texte de l'UDC, alors que le taux de ses partisans se maintient à 35%.
Quant au renouvellement de la flotte des avions de combat, il bénéficie toujours d'une longueur d'avance avec 56% d'avis positifs, soit une baisse de deux points de pourcentage par rapport au premier sondage. La part des opposants se situe elle à 40%.
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L'UDC seule opposante à la libre circulation
L'approbation du texte qui demande la fin de la libre circulation se maintient confortablement au sein de l'électorat de l'UDC, avec un taux de 84%.
A l'inverse, les sympathisants de tous les autres partis y sont fermement opposés. Sans surprise, le rejet le plus net s'observe dans le camp rose-vert avec un refus s'élevant à 91% à la fois au PS et chez les Verts. Le non reste également très net au centre et à droite: 86% chez les Vert'libéraux, 79% au PLR et 77% au PDC.
Tous les groupes d'électeurs suivent les mots d'ordre de leur parti, note le sondage, précisant qu'aucun conflit ne se dessine entre l'élite et la base au sein des différentes formations. Par contre, le texte continue de séduire les couches sociales moins favorisées, avec un niveau de formation bas à moyen, selon l'enquête. Même si le oui reste minoritaire dans ces catégories.
Vers un vote serré au Tessin
Au niveau régional, l'initiative de limitation serait balayée par près de trois quarts des Romands. Elle reste également très impopulaire côté alémanique (61%). C'est au Tessin que l'issue du vote semble la plus incertaine, puisque opposants et partisans se retrouvent à force égale (49%), avec une part d'indécis s'élevant à 2%.
"Nous voici donc face à une barrière non pas de rösti mais de polenta, car un 'Si' de la Suisse italophone reste tout à fait possible", note gfs.bern.
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Avions de combat: Romands pas convaincus
Quant au crédit de 6 milliards de francs pour remplacer les avions de combat, il fait l'objet d'un clivage gauche-droite dans le sondage. L'enveloppe est toujours fortement soutenue par les sympathisants du camp bourgeois (UDC, PLR, PDC). Elle est rejetée à gauche, par le PS et les Verts.
Alors qu'ils apparaissaient divisés lors du premier sondage, les Vert'libéraux penchent désormais dans le camp des opposants, avec 52% de non contre 46% de oui.
Notons également que, sur le plan régional, l'opposition aux avions de combat s'est renforcée en Suisse romande et atteint désormais la majorité (50% de non contre 45% de oui). Dans les deux autres régions linguistiques, le projet obtient toujours la faveur des sondés, avec 59% de oui en Suisse alémanique et 52% au Tessin.
Différence hommes-femmes
Une différence entre les sexes semble aussi se dégager. Alors qu'environ deux tiers des hommes entendent voter pour l'achat de nouveaux avions de combat, seules 50% des femmes disent soutenir une telle acquisition (contre 45% de non).
"Une nette barrière entre les sexes sur les projets techniques et militaires n'a rien d'atypique", estime gfs.bern.
Texte: Mathieu Henderson
Graphiques: Didier Kottelat
L'UDC a du pain sur la planche
"La hausse du 'non' ne me surprend pas, c'est toujours difficile pour les initiatives" à mesure que la date de la votation s'approche, a réagi la conseillère nationale UDC Céline Amaudruz dans La Matinale de la RTS mercredi. "Mais il est important de relever qu'une grande partie de la population s'abstient encore de répondre. Toute cette population doit encore, aujourd'hui, être convaincue. Un travail gargantuesque nous attend", prévient la vice-présidente de l'UDC, pour qui il est essentiel que la Suisse retrouve son indépendance et sa souveraineté par rapport à l'immigration.
Une grande partie de la population s'abstient encore de répondre. Toute cette population doit encore, aujourd'hui, être convaincue. Un travail gargantuesque nous attend
"Le chômage, la classe moyenne et le pouvoir d'achat font partie des grandes préoccupations de l'UDC. On doit absolument y répondre, et nous sommes convaincus que notre initiative est une solution", avance la Genevoise.
Suisses attachés aux bilatérales
Pour le conseiller national socialiste Roger Nordmann, au contraire, ces chiffres sont la preuve que les Suisses sont attachés aux accords bilatéraux. "Ils sont conscients qu'en étant au cœur de l'Europe en termes géographiques, on doit avoir des relations organisées avec nos voisins. Personne n'a envie de bazarder les accords bilatéraux, c'est aussi simple que ça. Personne n'a envie de suivre l'exemple de Boris Johnson! Cette initiative est une machine à se procurer des problèmes, et on en a suffisamment", clame le président du groupe socialiste à l'Assemblée fédérale, en songeant notamment au Covid-19.
Personne n'a envie de bazarder les accords bilatéraux, c'est aussi simple que ça. Personne n'a envie de suivre l'exemple de Boris Johnson! Cette initiative est une machine à se procurer des problèmes
"Dans le contexte de cette crise, c'est encore plus précieux d'avoir une économie qui fonctionne, des postes de travail et de bonnes relations avec nos voisins, parce que les relations économiques intercontinentales sont, elles, beaucoup plus compliquées", estime encore le Vaudois.
Faux, lui a rétorqué Céline Amaudruz. "C'est aujourd'hui, plus que jamais, qu'on a cette capacité de renégocier avec l'UE. C'est un partenaire important, mais pour avoir une stabilité, il faut savoir diversifier ses partenaires commerciaux".
Méthodologie
Le sondage a été réalisé par l'institut gfs.bern sur mandat de la SSR. Il a été effectué par téléphone et sur internet, entre le 2 et le 10 septembre 2020. Il a porté sur un échantillon représentatif du corps électoral suisse de 17'909 personnes. La marge d'erreur est de +/-2,7 points de pourcentage.