Flavio et Mickaël, deux pères de famille domiciliés dans les cantons de Fribourg et de Berne, ont des arguments diamétralement opposés sur l’initiative populaire.
Flavio, chef d’entreprise fribourgeois de 43 ans et père de trois enfants, habite sur les rives du lac de Morat. S’il a été présent pour chaque naissance, il estime qu’un congé paternité n’est pas nécessaire et que les frais seraient trop élevés à assumer pour les entreprises. "Ce n’est pas à l’État de dire aux employés comment organiser leurs vacances. Mes salariés peuvent prendre congé à une naissance, mais cela est déduit de leur solde. Personnellement, je préfère investir ces frais dans l’AVS", souligne le patron.
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À la naissance de son premier enfant, Flavio a pris une semaine de vacances quand sa femme est rentrée de l’hôpital. Pour les deux autres, il a décidé de rester à la maison afin d’alterner la garde avec son épouse. "J’ai fait ce choix plus pour soutenir ma femme et l’organisation que pour être proche de l’enfant. C’est chouette si les pères prennent un congé, mais cela peut être déduit sur les vacances", conclut-il.
Sa femme, Laurence, partage les mêmes réserves. "Avoir son mari à la maison en rentrant de l’hôpital est un joli soutien pour une femme, concède-t-elle. Mais l’aspect financier est aussi une question à mettre sur la table".
Anticiper le congé paternité
Près de Moutier, Mickaël et Audrey attendent leur deuxième enfant. Médiamaticien de 29 ans, ce père n’a eu le droit qu’à un jour de congé lors de la naissance de son premier bébé. À l’époque, il avait décidé de prendre une semaine sur ses vacances. "Une semaine c’est court lorsque l’on accueille un nouveau-né, car on est propulsé dans un monde auquel on n’est pas préparé", témoigne le jeune papa.
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Si des problèmes d’organisation peuvent exister au sein de l’entreprise, Mickaël pense qu’un congé paternité peut être anticipé entre employeurs et employés. "À titre de comparaison, j’ai un collègue qui a dû faire son service militaire. Vu que c’était obligatoire, il a pu le prévoir en avance. On pourrait aussi anticiper un congé paternité de deux semaines, en répartissant les jours".
Pour lui, la question du coût n’est pas un argument suffisant pour renoncer au projet. "La Confédération a estimé que les frais engendrés pour ce projet s’élèveraient à 230 millions. Nous sommes dans un Etat social, et je ne pense pas que cela soit une somme extrême à financer", ajoute le jeune homme.
Si l’initiative est acceptée, elle rentrerait en vigueur dès le 1er janvier.
Propos recueillis par Céline Brichet
Adaptation web: Sarah Jelassi
Rappel des enjeux du vote
Les Suisses voteront le 27 septembre sur une modification de la loi fédérale sur les allocations pour perte de gains, permettant de financer un congé paternité de deux semaines. Actuellement les pères suisses ont le droit de prendre un à deux jours de congé, à condition qu’ils soient employés. Si la modification législative est acceptée, les pères employés et indépendants bénéficieront de dix jours de congé rémunéré. Ils doivent être pris dans les six mois suivant la naissance d’un enfant, en bloc ou en jours isolés.