"Il est important de dire que, malgré la crise et les suppressions de postes prévues, les ambitions du CICR sur le terrain ne vont pas changer". Invité de La Matinale vendredi, le directeur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Robert Mardini, tenait à être clair à ce sujet.
Surtout que, comme il le souligne, les besoins humanitaires ont tendance à croître à travers le monde, avec des conflits armés toujours plus nombreux. "Sans compter les conséquences liées à la pandémie de Covid qui, aujourd'hui, touchent toutes les régions dans lesquelles nous sommes présents".
Robert Mardini confirme l'information révélée cette semaine par le 19h30: en proie à des difficultés financières accentuées par la pandémie, le CICR va devoir, dans les prochaines semaines, supprimer quelque 95 postes à son siège de Genève. Concrètement, avec les départs à la retraite et "autres facteurs", le nombre de licenciements devrait atteindre au final une soixantaine.
Postes menacés aussi sur le terrain
Outre les efforts au siège, plusieurs centaines de postes seraient également menacés sur le terrain. "Nous allons encore essayer de trouver des solutions pour vraiment minimiser autant que possible ce chiffre et puis nous allons contacter les personnes concernées", précise Robert Mardini sur les ondes de La Matinale. Avant d'ajouter que des mesures de "responsabilité sociale" accompagneront ceux qui seront licenciés.
Tout ceci passera inévitablement par une profonde réorganisation: "Nous allons nous poser des questions à tous les niveaux. Que ce soit dans la façon de délivrer nos programmes, dans la façon d’optimiser nos processus internes aux niveaux logistique, financier et de ressources humaines", explique le directeur de l'institution d'aide humanitaire, qui emploie plus de 20'000 personnes en tout, et 1200 à Genève.
Déficit de 130 millions
Le CICR traverse des difficultés depuis quelques années déjà. La crise sanitaire n'est venue que précipiter des prises de décisions "douloureuses, mais nécessaires". Pour 2020, le déficit devrait atteindre 130 millions de francs. Des économies de 25 millions sont prévues. "Cela fait trois ans que nous bouclons nos budgets avec un déficit. Ce n’est pas un déficit énorme sur 2 milliards, mais tout de même", souligne-t-il.
Pour continuer à être efficace dans un contexte mondial compliqué, l'ONG devra aussi repenser ses manières d'agir. "Je pense que les enseignements de la pandémie vont nous pousser à trouver de nouveaux points d’équilibre. Notamment entre proximité physique nécessaire avec les populations sur place et moyens virtuels, expérimentés durant le pic de la pandémie, qui nous permettent tout aussi bien d'optimiser nos programmes dans certaines régions."
Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web par Fabien Grenon
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