Le vice-président du Parti socialiste Pierre-Yves Maillard a
également annoncé son retrait. Il avait déjà fait part de sa
volonté de quitter son mandat au printemps longtemps avant les
élections fédérales.
Aucune voix n'a pourtant demandé la tête de Hans-Jürg Fehr après
la défaite du PS le week-end dernier. Vendredi encore lors de la
séance du comité directeur qui s'est livrée à une première analyse
des résultats, des voix se sont plutôt élevées pour le retenir, a
précisé Pierre-Yves Maillard devant la presse. Le Schaffhousois
avait succédé à la Genevoise Christiane Brunner en mars 2004.
Héritage positif
Ce dernier a relevé le "geste de grande classe et d'honnêteté"
du président sortant qui sait s'effacer pour le bien du parti. En
trois ans et demi, Hans-Jürg Fehr, 59 ans, a renforcé les finances
et favorisé la culture du débat au sein du PS, a souligné le
vice-président en évoquant l'héritage positif que le président
sortant laissera.
Pour le moment, Hans-Jürg Fehr, lui-même réélu pour la troisième
fois conseiller national à Schaffhouse, se dit incapable de voir où
il a fait des erreurs. Il lui faudra encore des semaines, même des
mois, a-t-il ajouté. "J'espère que mon retrait renforcera la
dynamique du PS et l'aidera à se relever", a déclaré Hans-Jürg
Fehr.
Pour ce faire, le PS va tenir une conférence de coordination, avec
la participation des représentants des cantons, le 30 novembre.
Sous la forme d'un sondage, les quelque 35'000 membres du parti
seront aussi appelés à livrer leur analyse. Une grande discussion
s'ensuivra lors d'un congrès extraordinaire le 1er mars, date
choisie par Hans-Jürg Fehr pour la fin de son mandat.
Succession ouverte
Le président sortant ne veut pas s'exprimer sur son successeur
qui devrait être élu ce jour-là. Seule condition indispensable à
ses yeux: il ou elle devra siéger aux Chambres fédérales. Le
Glaronais Werner Marti, candidat malheureux à la présidence en
2004, a d'ores et déjà indiqué à l'ATS que le poste ne
l'intéressait plus.
La présidente du groupe Ursula Wyss ne s'est pour sa part pas posé
la question. Mais elle n'exclut pas d'emblée une candidature à la
présidence, a-t-elle dit à l'ATS. Idem pour la conseillère
nationale Jacqueline Fehr, qui préférerait plutôt un changement de
génération en citant Pascale Bruderer ou Ursula Wyss.
Parmi les jeunes, le Vaudois Roger Nordmann n'est en revanche pas
intéressé, pour des raisons familiales. Le nom de Christian Levrat
a également été évoqué. Le Fribourgeois n'était pas
atteignable.
Décision en mars
Le congrès extraordinaire se prononcera au terme d'une procédure
normale selon laquelle les personnes intéressées doivent annoncer
leur candidature quelques semaines à l'avance, a précisé la
porte-parole du parti, Claudine Godat. Il n'est pour l'heure pas
prévu que la direction du PS fasse une recherche active.
Le congrès devra également nommer un successeur à Pierre-Yves
Maillard pour l'une des vice-présidences. Ce dernier avait prévu
son départ pour la fin de l'année mais il l'a un peu retardé en
raison de la démission de Hans-Jürg Fehr. L'autre vice-présidente,
Sylvia Schenker, reste en revanche en place, de même que le
secrétaire général Thomas Christen.
ats/kot
Réactions: louanges, déception, silence
Après l'annonce de la démission de Hans-Jürg Fehr de la tête du PS, les Verts tressent des lauriers au président socialiste, alors que même les partis bourgeois regrettent cette décision.
La collaboration rose-verte a été "constructive" sous la présidence de Hans-Jürg Fehr, estime Ruth Genner. "J'espère que cette voie commune se poursuivra avec la personne qui le remplacera à la tête du PS", a indiqué la présidente des Verts.
Socialistes et écologistes doivent continuer à construire des synergies, tout en gardant leur couleur respective, précise-t-elle. Hans-Jürg Fehr a été "un bon président" qui a pris soin du parti et a su tenir ensemble les diverses tendances du parti.
Hans-Jürg Fehr était un "partenaire correct", réagit Fulvio Pelli. Dans sa situation et après les résultats de dimanche, le PS se devait de réagir. Le retrait de son président relève de cette nécessité et non d'éventuelles fautes, estime le président du PRD.
"C'est dommage de perdre deux anciens partenaires au début de cette nouvelle législature", ajoute Fulvio Pelli, commentant aussi la démission, annoncée le matin, du président de l'UDC Ueli Maurer.
Hans-Jürg Fehr s'est engagé pour une politique socialiste modérée, constate pour sa part la porte-parole du Parti démocrate-chrétien Marianne Binder.
Les démocrates-chrétiens espèrent que le PS ne glissera pas plus à gauche sous la nouvelle présidence et que, au lieu d'une radicalisation, ce sont les forces consensuelles qui se renforceront.
Le grand adversaire des socialistes garde en revanche le silence. Le secrétaire général de l'UDC Gregor Rutz n'a pas souhaité faire de commentaire.
Un professionnel de la chose politique
Hans-Jürg Fehr est un professionnel de la politique. Au Conseil national depuis 1999 et réélu dimanche, il siège à la commission de l'économie et des redevances.
Avant, cet intellectuel et historien de formation s'est profilé comme un ténor du Grand Conseil schaffhousois, où il siège depuis 1983 et a notamment présidé le groupe socialiste.
Marié, sans enfant, Hans-Jürg Fehr a été enseignant avant de s'engager dans la presse ouvrière. Il a été journaliste à l'hebdomadaire schaffhousois «Arbeiter Zeitung», le dernier journal militant de gauche, puis responsable de la maison d'édition du même nom.