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"Les signaux convergent pour penser qu'une 2e vague peut être imminente"

L'invité-e de La Matinale (vidéo) - Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l'Institut de santé globale à l'UNIGE
L'invité-e de La Matinale (vidéo) - Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l'Institut de santé globale à l'UNIGE / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 10 min. / le 24 septembre 2020
Invité de La Matinale jeudi, l'épidémiologiste Antoine Flahault fait le point sur la recrudescence des contaminations au Covid-19 observée dans presque toute l'Europe. A ses yeux, les signaux semblent annoncer une deuxième vague imminente.

"Tant que l'on comptait peu d'hospitalisations et de décès, on ne pouvait pas parler de seconde vague. Mais on voit que la situation commence à se dégrader de façon assez préoccupante", analyse Antoine Flahault.

Le directeur de l'Institut de santé globale à la faculté de médecine de l'Université de Genève cite ainsi l'Espagne (où le nombre de décès a repassé au-dessus de la barre des 100 par jour depuis une semaine), la France, le Danemark, le Maroc ou la Tunisie. "Les signaux convergent aujourd'hui pour penser qu'une deuxième vague est peut-être imminente", estime le spécialiste, qui se refuse toutefois à faire des prévisions au-delà de sept jours.

Mesures plus fermes à venir?

Pour Antoine Flahault, il est encore trop tôt pour renoncer à voyager en Europe. "Mais il va très probablement falloir prendre à nouveau des mesures assez fortes. On nous dira très probablement 'restez chez vous'. La meilleure attitude sera alors de ne pas multiplier les contacts, les voyages", prévient Antoine Flahault.

Il va très probablement falloir prendre à nouveau des mesures assez fortes. On nous dira très probablement "restez chez vous"

Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l'Institut de santé globale à l'UniGE

Faisant le tour des différents modèles de gestion de la crise, il estime que celui de la Suisse a été bon: "Elle a su bouger au moment où il a fallu, puisqu'il y a eu une centralisation des décisions au mois de mars", constate-t-il. Il n'estime pas pour autant une gestion centralisée systématiquement préférable, car elle n'a pas toujours donné de bons résultats, par exemple en France. "Laisser une certaine latitude aux cantons me paraît plutôt, finalement, un gage de succès", avance l'épidémiologiste, pour qui la réponse sanitaire, en Europe, n'a cependant "pas été si incohérente que cela".

"Le modèle suédois a été très caricaturé"

Que pense le spécialiste de la politique sanitaire de la Suède, jugée laxiste par plusieurs observateurs? Après avoir enregistré, lors de la première vague, des chiffres de contamination et de décès supérieurs à ses voisins, elle demeure pour l'heure épargnée par la hausse des cas qui touche l'Europe depuis le début de l'été. Un signe tardif du succès du modèle d'immunité collective?

"Le modèle suédois a été très caricaturé. C'est un des pays où la culture de la santé publique est la plus élaborée. En réalité, il était très proche du modèle suisse", relativise Antoine Flahault. "C'est un modèle d'auto-confinement. Il n'y a pas eu de fermeture obligatoire des magasins, mais la plupart ont fermé faute de clients. Même chose pour les lignes aériennes domestiques. Sur les autoroutes, on a observé un trafic en baisse de 90%. Les bars et restaurants sont restés ouverts, mais avec 25% d'affluence. En résumé, les gens sont restés chez eux", constate le directeur de l'Institut de santé globale à la faculté de médecine de l'Université de Genève.

La Suède a eu une réponse très proche de la nôtre, mais pas par la force de la loi. Dans ce mode de fonctionnement responsabilisant, les mesures à prendre ne sont plus du ressort du politique mais deviennent le domaine des experts

Antoine Flahault

En définitive, la réponse de la Suède a été "très proche de la nôtre, mais pas par la force de la loi. Dans ce mode de fonctionnement responsabilisant, les mesures à prendre ne sont plus du ressort du politique. Elles deviennent le domaine des experts."

>> Ecouter aussi le bilan de la gestion sanitaire de la Suède dans Tout un Monde :

La Suède depuis le début de cette crise du Coronavirus a laissé ses commerces ouverts. [EPA/Keystone - Anders Wiklund]EPA/Keystone - Anders Wiklund
Le bilan suédois de la crise du Covid-19 / Tout un monde / 5 min. / le 23 septembre 2020

Propos recueillis par Valérie Hauert

Adaptation web: Vincent Cherpillod

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