"Le raisin est très riche en sucres et on s'attend à une excellente qualité de vin cette année", relève Jocelyn Vouga, propriétaire du domaine Vouga à Cortaillod (NE). L'été chaud et relativement sec a contribué à rendre le fruit très sain et mûr.
Le vigneron neuchâtelois prévoit toutefois des quantités un peu inférieures aux moyennes des années précédentes. "Quand la qualité est au rendez-vous, la quantité n'y est pas et vice-versa," explique-t-il.
"Saison excellente" en Valais
Plus grand producteur de vin en Suisse, le canton du Valais s'attend également à un millésime de haut niveau. "Cette saison est excellente", se réjouit Yvan Aymon, président de l'Interprofession de la vigne et du vin en Valais. "C'est un vrai plaisir de voir une aussi bonne qualité de raisin", remarque-t-il.
En Valais également, les volumes de cette année sont en dessous des moyennes, surtout pour les pinots noirs. "Cela s'explique par l'été chaud et le peu de précipitations", note Yvan Aymon. Les vendanges en seront d'autant plus longues vu la différence de maturité des raisins.
"On va vers un tout grand millésime"
Les vendanges sont aussi précoces en terres vaudoises avec une avance de dix à quinze jours par rapport aux années précédentes. Comme dans les autres cantons, "on va vers un tout grand millésime", se réjouit François Montet, président de la Fédération vaudoise des vignerons (FVV). "La chaleur de l'été et la bonne météo ont favorisé le raisin", remarque-t-il.
Selon le FVV, la vigne a été peu affectée cette année par les maladies traditionnelles, hormis "quelques rares et timides apparitions de mildiou."
A Genève également, "on aura un très bon vin cette année, les quantités de sucre dans le raisin sont très élevées", souligne Florian Barthassat, œnologue à la Cave de Genève. "Mais les quantités sont modestes", ajoute-t-il, précisant que la société devrait atteindre le 85% du volume des années précédentes.
ats/boi
L'impact du Covid
L'impact économique du Covid-19 se fait toujours sentir chez les vignerons. L'annulation des manifestations régionales comme la Fête des vendanges à Neuchâtel représente un sérieux manque à gagner. Malgré cela, les clients privés ont été plus nombreux à acheter du vin et plus souvent. "Nous avons mis en place une livraison à domicile qui fonctionne bien. Le coronavirus n'a pas empêché les gens de faire des apéros chez eux", relève Jocelyn Vouga.
La crise a aussi eu un impact sur le travail dans les vignes. Pour économiser des salaires, le domaine a dû faire appel à des bénévoles, des amis et des connaissances, en plus des personnes qui étaient déjà employées.
Le coronavirus n'a pas non plus épargné les vignerons valaisans. La vente de vin dans la restauration et l'hôtellerie s'est fortement réduite. A l'inverse, la clientèle privée a davantage acheté. "Cet été, nous avons eu beaucoup de touristes indigènes et alémaniques qui ont fait de gros achats", raconte Yvan Aymon. "On a remarqué qu'avec le coronavirus, les gens ont tendance à consommer des produits locaux, dont le vin", constate-t-il.
A Genève, Florian Barthassat déplore lui aussi une chute des ventes dans la restauration à cause du coronavirus. "C'est toujours un secteur compliqué et la pandémie n'a pas aidé", reconnaît-il. La Cave de Genève a cependant tiré son épingle du jeu avec de bonnes performances dans la grande distribution et les ventes dans le privé.
Dans le canton de Vaud, on observe aussi une récupération des ventes par la clientèle privée. "On a un peu rattrapé les pertes, mais pas entièrement", nuance François Montet.
Le rééquilibrage du marché avec les faibles volumes est aussi une bonne nouvelle pour les vignerons. "Mais pour que le marché soit vraiment équilibré, il nous faut plus de ventes en grandes surfaces", explique François Montet, regrettant que les grands magasins ne soutiennent pas suffisamment les vins suisses.