Ce sont les Vaudois qui ont été les champions du oui avec 81,6%, devant les Genevois (79,4%) et les Jurassiens (74,6%). Suivent pour la Suisse romande Neuchâtel (73,6%), Fribourg (67,8%), le Valais (60,5%) et Berne (56,9%).
A l'opposé, neuf cantons alémaniques ont rejeté le congé paternité, le plus fort taux de non étant le fait d'Appenzell Rhodes-Intérieures avec 65,3%. Zurich et Bâle-Ville ont plébiscité le projet, alors que les Grisons, Lucerne ou Zoug n'ont donné leur accord que du bout des lèvres.
Au total, quelque 1,93 million d'électeurs ont glissé un bulletin favorable. Le camp du non a réuni 1,27 million de votes. La participation s'est élevée à environ 58%.
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La Suisse comble son retard au niveau européen
Le projet accepté par le peuple prévoit un congé de dix jours de travail. Ces jours seraient à prendre dans les six mois suivant la naissance, soit en bloc, soit sous forme de journées isolées. Les vacances ne pourront pas être réduites.
Le congé paternité entrera en vigueur le 1er janvier 2021, a annoncé le ministre des Assurances sociales Alain Berset à l'issue du vote, applaudissant une bonne nouvelle pour toutes les familles.
Un ou deux jours de congé ne sont plus suffisants actuellement, a souligné le conseiller fédéral. Les deux semaines permettront de mieux concilier vie de famille et vie professionnelle. Le peuple a répondu à un besoin actuel des familles et permis de combler une lacune.
Comme le congé maternité, celui pour les pères est financé par les allocations pour perte de gain (APG). L'indemnité correspond à 80% du salaire, mais au maximum 196 francs par jour.
Jusqu'ici, les nouveaux pères n'avaient droit qu'à un jour de congé, comme pour un déménagement. Avec ces deux semaines, qui étaient déjà accordées par certaines entreprises et administrations, la Suisse ne sera plus à la traîne au niveau européen.
Un congé parental exigé
"Ce résultat montre que la naissance d'un enfant concerne aussi les hommes", a commenté Mathias Reynard (PS/VS), estimant que l'objectif est à présent l'introduction d'un véritable congé parental. Valérie Piller-Carrard (PS/FR) émet le même souhait et fait un appel du pied au PLR, n’excluant pas de relancer le peuple si aucune solution n’est trouvée au Parlement.
Dans la foulée, de nombreuses organisations et partis, dont le PS, les Vert'libéraux, les Verts, Pro Familia, ou l'USS, ont publié un communiqué commun demandant l'introduction du congé parental.
"Ce résultat montre que la société a évolué et que l'heure n'est plus à un modèle où la femme doit rester à la maison", souligne pour sa part le directeur de Pro Familia Philippe Gnaegi. Selon lui, il s'agit maintenant de penser à une nouvelle politique familiale.
Léonore Porchet (Verts/NE) se félicite également de ce oui: "C’est un grand soutien pour un petit pas. Ça veut dire qu’on doit aller plus loin."
Le centre et la droite contre un congé parental
Les réactions sont plus contrastées à droite. Le vice-président neuchâtelois des Jeunes PLR, Nicolas Jutzet, soutient également l'introduction d'un congé parental, "une solution plus moderne et plus adaptée aux familles d'aujourd'hui" que le congé paternité, auquel il s'opposait.
En revanche, pour le président de l'UDC Marco Chiesa, le président du PDC Gerhard Pfister et la présidente du PLR Petra Gössi, deux semaines de congé paternité sont suffisantes, ont-ils déclaré à la SRF. Pour le PBD, ce projet est un pas vers une répartition équitable du travail rémunéré et non rémunéré, indique le parti dans un communiqué.
Des craintes pour les assurances sociales
Les opposants, au rang desquels figuraient l'UDC, ainsi que quelques membres du PLR et du PDC, dénonçaient eux un congé trop coûteux pour les employés et les employeurs.
Le comité référendaire contre le congé paternité s'est ainsi dit déçu, jugeant que les assurances sociales vont être affaiblies par de nouvelles déductions salariales.
"Les PME sont les perdantes", a déclaré Susanne Brunner (UDC/ZH), sur les ondes de SRF. De nouvelles charges sociales vont peser sur les petites et moyennes entreprises. Ce n'est pas la bonne voie à suivre en cette période difficile pour l'économie, a-t-elle ajouté.
Pour sa collègue Diana Gutjahr (UDC/TG), ce oui signifie une extension imprudente et inutile des assurances sociales. "Il est dommage de n'avoir pas pu convaincre l'électorat de l'importance de cette décision."
"Je m'inquiète du financement de tous ces régimes d'assurance sociale", a conclu le directeur de l'Union suisse des arts et métiers (USAM) Hans-Ulrich Bigler.
boi avec ats