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"Il faudra parler à l'UE avec des arguments concrets et réalistes"

L'invité-e de La Matinale (vidéo) - Jacques de Watteville, ancien négociateur en chef de la Suisse auprès des institutions européennes
L'invité-e de La Matinale (vidéo) - Jacques de Watteville, ancien négociateur en chef de la Suisse auprès des institutions européennes / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 10 min. / le 28 septembre 2020
Le soutien plein et entier du peuple pour "rénover" la voie bilatérale, et des négociations qui s'annoncent ardues dans le contexte du Covid et du Brexit: Jacques de Watteville, ancien négociateur en chef de la Suisse auprès de l'UE, analyse les suites du rejet dimanche de l'initiative de limitation.

"Le message de ce vote populaire est très important: le peuple suisse a confirmé clairement, à 62%, son soutien à la voie bilatérale avec l'Europe", souligne Jacques de Watteville dans La Matinale lundi. Ce qui met dès lors le Conseil fédéral dans une position "assez forte" dans ce dossier pour la suite des négociations, analyse l'ancien chef des négociations avec l'UE.

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Mais la voie bilatérale est actuellement en mauvais état, souligne-t-il, car de nombreux points n'ont pas été mis à jour depuis des années. "Sans accord cadre, la voie bilatérale va s'éroder et perdre de sa pertinence", avertit l'ancien diplomate.

Attaqué par tous les bords politiques, l'actuel accord cadre - au coeur de négociations gelées depuis 2018 avec l'UE - ne semble toutefois convaincre personne. "Il est vrai, tout le monde trouve quelque chose à y redire. Mais c'est le propre d'une situation de négociation, où chacun essaie de s'en tirer avec le maximum d'options", relativise Jacques de Watteville.

Concessions "des deux côtés"

Point central de la critique de l'accord cadre, les mesures d'accompagnement - qui doivent régler notamment le problème du dumping salarial - sont une pierre d'achoppement aussi bien du côté de la gauche et des syndicats que de la droite dure. L'obstacle n'est pourtant pas insurmontable, estime l'ex-secrétaire d'Etat. "On peut trouver des solutions par des négociations avec l'UE, mais aussi des solutions internes, comme renforcer les mesures de contrôles et les sanctions autour de la sous-enchère salariale."

Autres points litigieux, les aides d'Etat et la citoyenneté européenne doivent elles aussi faire l'objet d'une clarification. "Et il faudra faire des concession des deux côtés", insiste Jacques de Watteville, pour qui négocier, c'est avant tout "comprendre et se faire comprendre".

"Un défi"

Les négociations autour de l'accord cadre s'annoncent ardues, "un vrai défi", reconnaît-il. En particulier par sa coïncidence avec le Brexit, divorce difficile du Royaume-Uni d'avec l'Europe, contexte dans lequel chaque concession faite par l'UE pourrait être un précédent dans ses négociations avec le Royaume-Uni.

Le Conseil fédéral devra s'accorder ces prochaines semaines sur une ligne précise qu'il défendra en bloc, ne pas se laisser mettre sous la pression du temps par l'UE, et surtout "parler avec des arguments clairs et réalistes". Car de part et d'autres de la table des négociations, la crise née du Covid-19 a laissé son lot de craintes et d'incertitudes. "Il s'agit de la plus grave crise économique depuis la 2e Guerre mondiale", souligne l'actuel président du conseil d'administration de la Banque cantonale vaudoise.

La Suisse ne doit pourtant pas oublier son ADN, profondément européen dans sa mentalité et dans son histoire. "Au coeur de l'Europe, au carrefour des grandes langues et cultures européennes, la Suisse est l'un des pays les plus européens de l'Union européenne", rappelle Jacques de Watteville.

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Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Katharina Kubicek

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