Les deux appareils américains encore en lice sont le F-35 de Lockeed Martin et le Super Hornet de Boeing. "Une chose est claire avec un résultat aussi serré, c'est qu'il est exclu d'acheter des F-35 américains, qui sont les plus chers et qui, en plus, sont contrôlés par les Américains semaine après semaine", martelait dimanche le conseiller national Roger Nordmann (PS/VD) dans notre émission spéciale votations.
Pourquoi cette défiance à leur égard? L'un des arguments de la gauche, c'est que les Etats-Unis pourraient surveiller les activités aériennes de la Suisse grâce à la technologie présente dans les modèles qu'ils fabriquent.
Crainte fondée pour le F-35
Une crainte fondée, mais uniquement en ce qui concerne le F-35, selon Xavier Tytelmann, consultant sécurité, défense en aéronautique pour CGI Consulting. Car il y a, en effet, un besoin de se connecter régulièrement à un logiciel américain de maintenance, qui oblige les pays qui l'achètent à révéler leur activité opérationnelle, leur utilisation, le nombre de fois qu'ils s'en servent ou leurs destinations, a expliqué l'expert mardi dans La Matinale. "Les Etats-Unis ont même la capacité de désactiver l'avion s'il ne se connecte pas régulièrement à leur système".
Donc si les Etats qui l'ont acheté ne veulent pas partager les informations, ils ne peuvent simplement pas faire la maintenance de leur avion, et il est quasiment désactivable à distance, conclut Xavier Tytelmann.
Inquiétudes pas partagées
Alexandre Vautravers, rédacteur en chef de la Revue militaire suisse, ne partage pas ces inquiétudes. Selon lui, il y a une diabolisation des Etats-Unis à cause de leur président actuel. "Peut-être qu'il y a quelques années, avec le prédécesseur du président Trump, on n'aurait pas parlé des mêmes problématiques".
Et de préciser que "pratiquement, aujourd'hui, il faut savoir que tous ces avions ont des composantes ou des groupes d'assemblages qui sont de provenance américaine. Et si ce n'est pas l'avion en tant que tel, ce sont ses missiles ou ses engins guidés, peut-être des parties de ses moteurs". Conclusion d'Alexandre Vautravers: "En réalité, on peut poser la question pour chacun des quatre candidats".
Impossible d'être autonome
Selon l'expert, on ne peut pas tout avoir: l'indépendance et des coûts bas. Pour atteindre l'autonomie la plus complète, la Suisse devrait jouer le rôle de co-développeur et disposer de toutes les licences. Or, pour Alexandre Vautravers, ce n'est pas réaliste pour un pays tel que le nôtre.
Sujet radio: Cléa Favre
Adaptation web: Jean-Philippe Rutz