Qualifiant 2020 d'"année exceptionnelle", Philomena Colatrella rappelle que l'augmentation générale des primes de l'assurance maladie est "très modérée, avec une hausse moyenne de 0,5%". "La situation actuelle est quand même considérée dans ces primes. Beaucoup de caisses maladie ont baissé les primes ou ont gardé les primes au niveau." Et de rappeler que jusqu'en avril, les caisses maladie ont dû faire face à des coûts qui ont augmenté à l'instar des années précédentes.
"Il y a eu un mois de suspension de traitements", admet-elle. "En juin et en juillet, ceux-ci ont rebondi et les traitements non effectués en avril sont récupérés maintenant. On voit une récupération de la situation qui se répercute dans le calcul de prime."
Même si les hôpitaux ont perdu 1,5 à 2 milliards de francs, ils ne sont pas les seuls à générer des coûts, souligne la directrice générale de la CSS. "Il y a aussi les médecins ambulatoires, les EMS... ces coûts ont continué à augmenter."
Les réserves permettent "d'absorber les chocs"
Questionnée sur l'importance des réserves des assurances maladie, qui s'élèvent à 11 milliards de francs, la directrice de la CSS explique leur importance. "L'augmentation moins importante de cette année est aussi due à l'utilisation de ces réserves pour absorber une partie du choc de cette année", indique Philomena Colatrella.
"Le taux de réserve légale minimale doit être de 150%. Avec le calcul des primes, on regarde toujours comment on peut pratiquer une politique de primes durable, sans faire de bénéfice, mais sans faire de pertes également pour pouvoir couvrir les besoins des assurés." La directrice de la CSS indique "soutenir" la discussion nécessaire autour du "niveau de réserves juste", avec au moins 100% de réserves.
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"En 2019, les réserves de la CSS étaient à 153%, un peu au-dessus du taux minimal. Il faut aussi tenir compte des scénarios qui sont considérés dans les réserves - une pandémie, un choc sur le marché des placements . Ce n'est pas un calcul politique."
Propos recueillis par David Berger
Adaptation web: ebz
Pas de manque de transparence
Alors que le ministre jurassien de la Santé David Gerber déplorait un "manque de transparence" dans la méthode de calcul des primes, Philomena Colatrella explique que ce n'est pas "une science très très compliquée".
Pour établir les primes, "on regarde quels sont les coûts de l'année courante, puis on fait une estimation des coûts qui peuvent survenir l'année suivante dans le canton, et cela se fait sur des paramètres comme la croissance du nombre d'assurés, sur les changements d'assurés, les modifications des tarifs. Cette estimation forme un paquet, soumis à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) qui va "plausibiliser" cette estimation et vérifier si elle correspond aux coûts estimés dans le canton." Les primes sont fixées de manière "mathématiques" et non "politiques".
L'estimation part des coûts réels, mais doit aussi tenir compte de l'inflation, des changements dans le secteur médical, des nouvelles thérapies qui devront être remboursées. "L'estimation, faite sur la base de ces paramètres, est ensuite validée par l'OFSP", détaille Philomena Colatrella.